Le projet de loi pour la croissance, l’activité, et l’égalité des chances dite «Loi Macron» est en passe de gagner plusieurs records :
Record de mesures disparates : c’est un véritable inventaire à la Prévert. Parmi les plus médiatisées figurent la réforme du travail dominical, la réforme des professions juridiques réglementées (avocats, notaires, huissiers…), et l’ouverture du marché du transport par autocar. Mais le texte contient une myriade d’autres mesures comme la réduction des délais et du coût du permis de conduire, la simplification des mesures de licenciement, la construction de davantage de logements, l’ouverture du capital des aéroports de Lyon et de Nice, des mesures pour encourager l’actionnariat salarié et l’épargne salariale ou encore la réforme des conseils de prud’hommes. Avec plus de 3000 amendements et plus de 200 articles (alors qu’il en comportait 106 dans sa version initiale), la loi dite «Macron» est un pensum quasi encyclopédique.
Record de durée des débats : les débats à l’Assemblée nationale devaient initialement durer deux semaines (ce qui est déjà une durée exceptionnelle), mais l’Assemblée a été contrainte de rajouter des journées supplémentaires pour répondre au gigantisme de la loi.
Record d’agressivité dans les réactions corporatistes des professions réglementées, à grand renfort de publicité dans les quotidiens, avec une avalanche de courriers catastrophistes dans les permanences parlementaires, une déferlante de messages incendiaires, voire menaçants sur les réseaux sociaux, ou encore les huées contre Manuel Valls lors d’un meeting électoral dans le Doubs. Venant de professions bénéficiant de rentes issues pour la plupart de l’Ancien Régime (notaires, huissiers, greffes, mandataires judiciaires,…) et souvent les premières à critiquer les fonctionnaires et autres salariés d’entreprises publiques, la violence de leur lobby en dit long sur leurs privilèges. Le ministre de l’économie a même indiqué avoir reçu des menaces de mort de la part d’officiers ministériels publics.
Enfin record d’outrances et de démagogie dans le débat sur le nombre de dimanches travaillés dans l’année. Serait-on de gauche quand on est pour un maximum de 5 dimanches travaillés par an et de droite quand on est favorable à 12 ouvertures dominicales ?
Censé bousculer les lignes, simplifier les règles pour libérer l’économie en favorisant la croissance et l’emploi, la version finale de loi n’aura certainement pas les moyens de ses ambitions. Les corporatismes en auront-ils raison ? •