L ‘idée de taxer les transactions financières ne date pas d’hier. Évoquée dès 1936 par l’économiste britannique J.M. Keynes, elle avait été suggérée en 1981 par le lauréat du prix Nobel d’économie James Tobin pour limiter la volatilité des taux de change. Véritable serpent de mer, la « taxe Tobin » n’est toujours pas entrée en vigueur au niveau européen.
En janvier 2000, le Parlement européen a rejeté de justesse, à six voix près, une résolution sur la taxe Tobin. Celle-ci demandait à l’Union européenne d’étudier la faisabilité d’une telle initiative. L’extrême gauche française, Arlette Laguiller et Alain Krivine en tête, a voté contre cette résolution. L’égérie de Lutte Ouvrière a expliqué son vote en précisant : « La résolution de compromis proposée se contente d’aménager le système capitaliste, alors que nous voulons le détruire. » Cette position dogmatique de refus fera une fois de plus le jeu des plus libéraux et bloquera pour longtemps toute avancée concrète au niveau européen.
En France, l’Assemblée nationale a voté en 2012 la mise en place d’une Taxe sur les Transactions Financières (TTF) à la maille du pays. Celle-ci rapporte plus de 800 millions d’euros par an, permettant ainsi de financer des projets de développement. Mais elle ne concerne pas les produits financiers dérivés, notamment certaines assurances spécifiques. C’est en effet un paradoxe. La France affiche une volonté de taxer les produits financiers, mais retarde en même temps sa mise en place sur les produits dérivés, pourtant en partie responsables de la crise financière de 2008.
Aujourd’hui, la France et l’Autriche proposent à neuf de leurs partenaires européens la mise en place en 2016 d’une nouvelle taxe dont l’assiette serait large et les taux faibles. La base consisterait à taxer les transactions sur les actions cotées, de 0,1% sur les échanges d’actions et d’obligations et de 0,01% sur les produits dérivés financiers.
Celles-ci devraient rapporter près de 34 milliards par an. Outre la France et l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, le Portugal, la Grèce, la Slovaquie, l’Estonie et la Slovénie ont d’ores et déjà annoncé leur intention de créer une telle taxe.
Pour la FCE-CFDT, il est impératif de redéfinir les règles de la fiscalité dans son ensemble, et dans un cadre européen. Celle-ci doit être plus juste, plus efficace et plus redistributive. Elle doit concerner l’ensemble des revenus y compris ceux du capital. Un moyen pour redonner du sens à l’impôt et rapprocher l’Europe de ses citoyens.