La FCE-CFDT lance une campagne de développement pour relancer la syndicalisation. Le Mag FCE est allé à la rencontre du délégué fédéral en charge du développement, Jean-Luc Nicolas pour en savoir plus.
MAG FCE : Jean-Luc, peux-tu en quelques mots nous expliquer les raisons de cette campagne ?
JEAN-LUC : Force est de constater que la FCE-CFDT termine pour la 3ème année consécutive en négatif avec un résultat de -1,8% de cotisations pour l’exercice 2014 ainsi qu’une baisse des adhérents. Il était donc de la responsabilité de l’instance dirigeante, le Comité directeur fédéral, de prendre acte de ce constat et de relancer la dynamique développement à travers cette action sans surcharger les syndicats et leurs équipes.
MAG FCE : comment cette baisse se traduit dans les syndicats
et les sections syndicales ?
JEAN-LUC : Pour les équipes, cette perte d’adhérents, c’est plus de difficultés à trouver des candidats aux élections d’où une obligation de cumul de mandats, avec à la clef, une moins bonne répartition des tâches au sein du collectif. C’est également un risque quant à l’assurance de maintenir son audience électorale et de sa capacité à signer des accords pour améliorer le quotidien des salariés.
Pour les syndicats, c’est moins de personnes impliquées dans la vie syndicale avec de plus en plus de sièges vacants dans les instances (Conseil Syndical, Exécutif de syndicat, comité territorial de branche, secteur local). Cela devient donc difficile de faire vivre ces structures pourtant nécessaires à la démocratie et aux équipes syndicales.
MAG FCE : cette situation difficile concerne-t-elle tous les syndicats ?
JEAN-LUC : Non. Plusieurs syndicats (et peu importe leur taille) se développent régulièrement malgré la crise, les plans sociaux et départs en retraite. Deux raisons majeures expliquent ce développement. Ils mettent en œuvre un accompagnement approfondi (Négociations Annuelles Obligatoires, élections, formation syndicale,…) et régulier de leurs équipes. De plus, ils créent de nouvelles sections syndicales dans les entreprises dans lesquelles ils étaient absents jusque-là. La conjugaison de ces 2 axes prioritaires leur permet de compenser les départs et aussi de faire émerger de nouveaux militants.
MAG FCE : cette approche est-elle possible par tous les syndicats ?JEAN-LUC : Selon moi, oui.L’accompagnement des équipes est porté par tous les syndicats même si plusieurs collectifs souhaiteraient le voir renforcer y compris pour l’aide à la préparation des élections professionnelles, temps fort de l’action syndicale. C’est pour cela que la fédération a créé un atelier de développement dédié aux élections et qui s’adresse en priorité aux responsables de syndicat ainsi qu’aux délégués syndicaux sentraux (DSC) afin de mieux accompagner les équipes confrontées aux élections. Pour la création de nouvelles sections syndicales, c’est moins vrai, même si de plus en plus de syndicats s’y mettent. Pour cela, ils s’appuient sur le fichier des coordonnées des entreprises présentes sur leur territoire et sur celui recensant les résultats électoraux mis à leur disposition par la fédération. A mon sens, c’est cet axe là qu’il faut plus porter et développer dans les territoires.
MAG FCE : ces éléments font-ils partie de la campagne de développement ?
JEAN-LUC : Oui. Comme je l’ai indiqué en préambule, il s’agissait de ne pas surcharger les syndicats et leurs équipes. Nous avons donc retenu les axes suivants : la création de nouvelles sections, la progression des équipes aux élections et pour finir, la hausse du nombre de cotisations par syndicat.
C’est à partir de ces éléments que nous récompenserons les syndicats et les équipes ayant obtenu les meilleurs résultats au courant de l’année 2015.
MAG FCE : quelles formes cela prendra ?
JEAN-LUC : La fédération a souhaité que le travail réalisé par les uns et les autres soit reconnu via des bons d’achat de 500€ ou 1000€. Selon nous, ils doivent servir en priorité aux équipes syndicales pour, par exemple, financer la perte de salaires de militants suivant une formation syndicale, acheter aux équipes du matériel revendicatif (chasubles, casquettes, drapeaux), doter les équipes de documentation (Code du travail, guide du salarié), etc. A ce sujet, il n’est pas trop tard pour les syndicats de me remonter (ou via l’Equipe de Proximité Intervention = EPI) les noms des équipes intéressées et concernées par les élections en 2015. Il me semble que cela serait dommage de ne pas reconnaître de très bons résultats électoraux obtenus par les militants par manque de remontée d’informations à la FCE.
Il faut noter que la remise des bons d’achat aux équipes gagnantes se ferait sous la forme d’une rencontre (courant mars 2016) en 2 temps à raison de 2 militants par équipes (accompagnés du SG de leur syndicat) :- Matinée : accueil à la FCE, visite des locaux, remise des bons, photos puis repas.- L’après-midi : débats et échanges à la Confédération avec Inès Minin, Secrétaire Nationale chargée du développement.
MAG FCE : Jean-Luc, souhaites-tu ajouter autre chose en conclusion ?JEAN-LUC : Oui. Au-delà de la forme retenue pour cette campagne, je souhaiterai que certaines postures et propos (concurrence entre syndicats, marketing, démarche commerciale,…) disparaissent au vu des enjeux. A mon sens, nous ne pouvons plus nous permettre ce genre de débats. Par ailleurs, je reste convaincu que beaucoup d’équipes sont prêtes à relever ce défi pour préparer l’avenir. Cette campagne est juste un moyen supplémentaire de les y aider et de reconnaître leur travail.
En conclusion, utilisons tous notre énergie de manière positive à relancer la dynamique développement dans l’intérêt de tous les acteurs, et, faisons en sorte que cela soit notre priorité en 2015 et pour les années à venir.