Le droit de grève est inscrit dans la Constitution depuis 1946, il n’a jamais été accepté par une frange du patronat et ce, depuis sa reconnaissance il y a un plus d’un siècle. C’est en effet au XIXème siècle que ce droit puise sa source. Paradoxalement, c’est la loi Le Chapelier du 14 juin 1791 qui interdisait toute coalition ou rassemblement, laissant l’ouvrier ou l’employé seul devant son patron, qui va faire naître l’idée d’une défense collective. La classe ouvrière ignorée et déniée alors qu’elle contribue au développement industriel n’aura de cesse de se défendre par la grève pour obtenir la reconnaissance de ces droits sociaux.
Entre 1825 et 1864, ce sont près de 10 000 ouvriers qui seront emprisonnés pour faits de grève, sans compter les nombreux morts lors de répressions violentes et sanglantes. Le délit de coalition sera abrogé en 1864 mais ce n’est pas pour autant que le droit de grève sera accepté. Il faudra attendre la reconnaissance du fait syndical en 1884 pour que la grève devienne un moyen légal de lutte pour faire valoir ses revendications. La grève a longtemps été autorisée mais est restée une faute professionnelle jusqu’à la seconde guerre mondiale. Elle a été interdite sous le régime de Vichy, avant de devenir un droit constitutionnel à la libération en 1946.
Néanmoins, la possibilité de réglementer ce droit est restée ouverte. Différents gouvernements, sous la pression du patronat ou de l’opinion publique vont s’engouffrer dans cette brèche avec la légalisation du dépôt de préavis, le service minimum, la réquisition et l’interdiction pour certaines catégories de salariés de faire grève. Le syndicalisme révolutionnaire sera hanté pendant longtemps par le rêve du grand soir, d’une grève générale qui renverse l’ordre établi.
De nos jours, le nombre de jours de grève est plutôt en diminution. Pour la CFDT, la grève doit surtout être utilisée en dernier recours lorsque la négociation et les tentatives de dialogue social n’ont pas pu aboutir. Ce moyen de contestation trouve alors tout son sens. Il permet d’amplifier le rapport de force face aux annonces et projets du patronat et de contraindre à la reprise du dialogue. C’est ce qui nous différencie d’autres organisations syndicales.
En ce 70ème anniversaire de son inscription dans notre constitution, défendre cet acquis social fondamental pour les salariés est un devoir pour l’ensemble des organisations syndicales.