De Ryiad à Dallas, le pétrole est au cœur du débat stratégique. L’or noir est devenu indispensable au fonctionnement des économies en couvrant 40% des besoins énergétiques mondiaux. Inégalement réparti dans le monde, il est source de convoitises et de conflits. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) fait la pluie et le beau temps en ajustant sa production en fonction de leurs ambitions sur les prix du baril mais aussi indirectement sur les énergies qui y sont indexées. Tandis que la flambée des prix réveille la crainte d’un nouveau choc pétrolier, la chute nuit gravement au développement d’énergies renouvelables par l’incitation financière à user des énergies fossiles. La France n’extrait qu’1% de ses besoins en pétrole brut, elle importe donc d’une vingtaine de pays afin de sécuriser son approvisionnement.
Mais sans transformation, le pétrole brut ne possède que peu d’utilité. Le raffinage permet d’extraire aussi bien des produits nécessaires à la vie courante (chauffage, carburant,..), que des
produits dérivés, finis, utilisés dans les processus industriels (goudron, naphta, éthylène).
La France compte 8 raffineries (12 en 2009) représentant environ 8000 emplois directs et 30 000 indirects, auxquels s’ajoutent ceux de la pétrochimie interdépendants. Depuis 2009, le secteur du raffinage traverse une crise inédite, les orientations vers une consommation bas-carbone imposent le remplacement du pétrole par d’autres sources d’énergie non fossiles. Par ailleurs, la diminution de l’activité industrielle et sa nécessaire efficience énergétique, ont accéléré la chute de la demande. L’Europe consomme deux fois plus de gazole que d’essence, résultat d’une politique énergétique favorisant fiscalement la diésélisation du parc automobile. Le déséquilibre augmente et l’Europe doit exporter ses excédents d’essence, et importer le gazole qu’elle ne peut produire.
L’avenir du pétrole, notamment en France, est intimement lié à la transition énergétique. Les ambitions de baisse de consommation d’énergie fossile, entraineront
inexorablement une diminution de la consommation de produits pétroliers, mais aussi une chute importante des recettes fiscales. Cela nécessite un réel courage politique et la France devra veiller à ce que les produits de substitution se traduisent par des créations d’emplois sur le territoire national. C’est pourquoi la FCE revendique des projets de reconversion industrielle, anticipés, discutés et décidés avec tous les acteurs concernés, notamment les territoires. Par ailleurs la France doit encourager ses entreprises dans ces mutations, favoriser et valoriser l’évolution des compétences des salariés.