Le 18 mars 1962, la signature des Accords d’Evian mettait fin à huit ans de conflit et près de 130 ans de colonialisme français. L’Algérie retrouvait alors son indépendance et sa liberté. Depuis 1962, le Front de Libération Nationale (FLN) soutenu par l’armée instaura le principe de parti politique unique. Il occupa pendant près de 60 ans le pouvoir sans jamais le lâcher hormis pendant de courtes périodes et étouffa les différentes tentatives de contestation et d’émancipation.
Abdelaziz Bouteflika, président d’honneur du FLN, en est l’illustration. Il fut un des artisans de l’indépendance et le ministre des affaires étrangères du premier gouvernement post colonisation. Après un coup d’état de l’armée pour empêcher le Front islamique du salut de prendre le pouvoir après sa victoire au premier tour des législatives de 1991, il arriva au pouvoir en 1999 avec le soutien de l’armée après la « décennie noire » où le pays fut marqué par la guerre civile et près de 150 000 morts. Cette période de l’histoire marquera la mémoire collective des algériens. Au même titre que l’indépendance, elle servira le pouvoir pour attiser les peurs et inciter les algériens à voter pour lui successivement pendant quatre mandats. Malgré un AVC en 2013, il sera réélu avec 81,5% des voix en 2014 avec le soutien lors de sa 4eme candidature de l’organisation patronale, le forum des chefs d’entreprise, du syndicat des travailleurs UGTA et du rassemblement national démocratique.
Le 22 février 2019, le verrou de la peur n’aura pas suffi cette fois à contenir la volonté d’émancipation de la jeunesse algérienne. Après l’annonce de la candidature du président pour un cinquième mandat, des millions d’Algériens descendaient pacifiquement dans les rues avec la volonté de reprendre leur liberté. Cette révolution du sourire de la jeunesse algérienne portée par les réseaux sociaux marque la volonté d’un peuple de mettre fin au pouvoir d’un homme et de son clan, de changer un système corrompu basé uniquement sur la rente pétrolière qui depuis de nombreuses années a favorisé l’enrichissement et les privilèges d’une caste étroitement liée à l’Etat.
Pour la FCE-CFDT, si la date pour l’élection d’un nouveau président est encore incertaine, la transition vers un régime plus démocratique est la seule issue pour le développement d’une Algérie tournée vers une économie agricole et industrielle diversifiée. L’avenir du pays, où les moins de 30 ans représente 55% de la population, repose également sur cette jeunesse qui aspire à plus de justice sociale, de redistribution des richesses, d’égalité des chances et de liberté.