Les eurodéputés sont élus tous les 5 ans depuis 1979. Depuis 25 ans, le taux de participation n’a cessé de chuter alors que sur la même période le nombre des Etats membres, lui, n’a cessé d’augmenter. Pour ces élections de mai 2019, les prévisionnistes avaient pronostiqué la désaffection. Pourtant, le sursaut des électeurs européens a créé la surprise, puisqu’ils sont plus de 51%, tous Etats confondus, à avoir voté. Une mobilisation qui démontre que l’Europe est source d’attente pour ses citoyens.
L’hémicycle européen entrera en fonction le 2 juillet prochain. Les chrétiens-démocrates du PPE arrivent en tête, devant les sociaux-démocrates du S&D, les libéraux de l’ADLE rejoint par la république en marche nommé Renaissance, le groupe Verts/ALE, les souverainistes du groupe CRE, la droite eurosceptique, voire europhobe, et la gauche radicale. De nouvelles alliances vont se créer pour composer une nouvelle majorité pro-européenne. Les Verts, largement plébiscités par les 18-25 ans joueront un rôle crucial au sein des alliances.
Dans les nombreux défis qui attendent l’Europe, celui du social est primordial. Aujourd’hui il n’existe pas de politique sociale proprement dite. Mais, dans le domaine de l’emploi, l’UE coordonne les politiques des États membres au sein d’une stratégie commune (Stratégie européenne pour l’emploi). Elle permet au législateur européen de fixer des règles minimales contraignantes (durée maximale hebdomadaire de travail à 48 heures, période de repos de 11 heures consécutives par 24 heures, libre circulation des travailleurs, coordination des régimes de sécurité sociale, protection des droits individuels, et collectifs, lutte contre la discrimination, l’égalité hommes/femmes, etc). Mais ces harmonisations, si elles sont essentielles, restent ponctuelles car les Etats membres restent maîtres d’œuvre de leur droit interne.
Pour franchir la limite des Etats, il faut partager une stratégie sociale européenne. La confédération européenne des syndicats (la CES) y participe depuis plus de 30 ans. Son nouveau président, Laurent Berger, entend bien impulser une nouvelle dynamique en faveur des travailleurs, au-delà des contingents nationaux. La CES devra être force de revendications, de propositions et d’engagements auprès de l’UE et des employeurs, dans le cadre du dialogue social européen afin de répondre aux légitimes attentes des travailleurs et leur redonner confiance en l’UE. La FCE-CFDT s’y implique par le biais d’IndustriALL Europe dans des négociations d’accords-cadres sur l’emploi durable et le développement de carrière, par ses coopérations avec les syndicats européens, par ses représentants dans les comités européens. C’est bien l’Europe syndicale qui doit faire grandir l’Europe sociale.