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Le Parcours de Jeanine Deschères

Le MAG-FCE a eu le plaisir de recueillir le témoignage de Jeanine Deschères, militante CFDT de la première heure dans la branche du Verre. Elle nous raconte son parcours et son expérience.

MAG-FCE : Jeanine, quel a été ton parcours professionnel, et comment s’est passée ta rencontre avec la CFDT ?
Jeanine Deschéres : Mon 1er emploi a commencé au BNIC (Bureau national interprofessionnel du Cognac), à 18 ans, en 1971, mais suite à la mutation de mon époux, à la verrerie de Saint-Gobain de Chalon-sur-Saône, j’ai également été embauchée en tant qu’agent d’affrètement chez le verrier. Après un passage à la direction commerciale, puis technique, j’ai bénéficié, à mon arrivée à Saint-Gobain, de la convention collective nationale du Verre mécanique (CCNVM), qui m’a permis à l’époque d’avoir une sécurisation de l’emploi et une forte augmentation de salaire. Concernant mon engagement, j’ai évolué dans une société fortement syndiquée, notamment à la CGT, et naturellement pour ne pas rester en marge et pour avoir mon mot à dire, je me suis syndiquée à cette organisation. Mais le système de cette organisation syndicale étant fortement hiérarchisé et laissant peu de place aux femmes, je l’ai quittée au bout de 6 mois. C’est à cette époque que j’ai rencontré des militants CFDT qui m’ont accueillie et m’ont fait une véritable place dans leur section syndicale. Edmond Maire était le secrétaire général de la CFDT, et l’autogestion était un des grands combats à mener au sein de l’entreprise, ce qui faisait écho auprès des salariés. Le renouvellement et la vivacité de la section syndicale ont permis une bonne syndicalisation.

MAG-FCE : Comment as-tu appréhendé tes mandats syndicaux au cours de ta carrière ?
Jeanine Deschéres : Avec un contexte très masculin et 80 % d’ouvriers, il était difficile pour une femme de se faire élire, et j’ai subi quelques échecs. Cependant, la persévérance a payé et j’ai franchi les étapes pour occuper des mandats syndicaux : RS, DS, DSC, secrétaire de CE, membre CCE, secrétaire DUP (CE-CHSCT-DP). Mon obsession a toujours été le travail d’équipe et la syndicalisation.

MAG-FCE :  Quelles ont été tes plus grosses difficultés, mais aussi tes plus grandes satisfactions ? 
Jeanine Deschéres : Dans les années 1970/1980, mon engagement syndical m’a valu d’être un peu placardisée par les directions successives, puis les tensions permanentes avec l’organisation majoritaire de l’époque.
Ma plus grosse satisfaction est d’avoir réussi à faire progresser les idées de la CFDT, et d’avoir motivé un grand nombre de militants à rejoindre le collectif CFDT. Le travail de la section CFDT a permis de gommer en grande partie les clivages existants entre les employés, les ouvriers et les cadres, pour laisser apparaître une communauté unique de salariés, avec une CFDT respectée.

MAG-FCE :   Aujourd’hui, avec les récentes réformes, le dialogue social ne semble plus être une priorité de ce gouvernement. Comment envisages-tu la suite pour les futurs militants ? 
Jeanine Deschéres : Cela pose effectivement un véritable problème pour la syndicalisation, car les salariés pensent que les syndicats ne sont pas efficaces et, de ce fait, ne voient pas l’intérêt de s’engager. Les enjeux à venir sont majeurs : reconquérir la confiance des salariés, avec l’aide de toutes les structures CFDT, amener aux militants plus d’informations, de la clarté dans les messages et de véritables supports de formation.

MAG-FCE :  Que peux-tu nous dire quant au niveau du dialogue social dans la branche du Verre ? 
Jeanine Deschéres :  Le dialogue social n’est pas rompu, mais il n’est pas de grande qualité et, du côté du patronat, on sent une obligation de discuter avec les OS, tout se fait sous une forme de contrainte qui ne veut pas dire son nom. En conséquence, il faut être actif, pugnace et constant dans ses propositions et ses actions.

MAG-FCE :  Que dirais-tu à des jeunes salariés qui arrivent sur le marché du travail ?
Jeanine Deschéres :  On ne peut pas vivre dans une société individualiste. Une façon de s’exprimer dans l’entreprise passe par l’engagement syndical. Ce sont bien les syndicats qui ont menés et gagnés les combats de l’amélioration des conditions de travail, du respect des salariés, de nombreux acquis sociaux, en général. Pour sa part, la CFDT est l’OS qui privilégiera toujours le dialogue, l’écoute et la justice sociale, mais la CFDT est aussi une combattante, et quand il le faut, elle sait répondre par l’action. Voilà ce que je dirais à un jeune salarié : ne reste pas isolé, rejoins-nous, on peut former une grande famille.

MAG-FCE :  Quel est ton état d’esprit aujourd’hui et qu’est-ce qui pourrait guider ton futur engagement syndical, ou autres, dans le domaine social ?
Jeanine Deschéres :  Contente de ce que j’ai accompli, je ne regrette pas mon engagement qui a été porteur de difficultés, mais aussi de grandes satisfactions et, dans la mesure du possible, je souhaite apporter mon expérience et mon aide, notamment à l’UTI s’ils ont besoin, et je suis prête à continuer à donner du temps à la CFDT.

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