Un sujet d’actualité
Il n’y a pas de profil type de l’aidant ; qu’il soit proche aidant, aidant naturel, aidant familial, aidant informel, aidant non professionnel… mais quelques traits saillants se détachent : l’aidant est le plus souvent un membre de la famille, la personne aidée est majoritairement une personne de plus de 70 ans, environ 6 aidants sur 10 sont des femmes. L’investissement des aidants est souvent nécessaire pour le maintien à domicile. Il se traduit par la réalisation des tâches ménagères, le soutien psychologique, l’accompagnement pour les soins médicaux, l’assistance dans la toilette et les déplacements. Cet investissement entraîne souvent une fatigue physique et une fragilisation psychologique, avec des difficultés à concilier leur rôle d’aidant et leur vie professionnelle.
Les principales difficultés des aidants sont :
– Des difficultés à s’identifier comme aidant pour solliciter de l’aide ;
– Une méconnaissance des dispositifs d’aides existants ;
– Une multiplicité d’intervenants, et le besoin d’être guidé vers le bon interlocuteur.
Il devient nécessaire de trouver des solutions adaptées aux besoins des salariés aidants tout en leur assurant une meilleure articulation entre vie professionnelle et vie privée.
Une réglementation qui évolue
Il existe trois types de congés spécifiques pour les aidants :
1-Le congé de « solidarité familiale » (art. L.3142-6 CT)
2-Le congé de « présence parentale » (art. L.1225-62 CT)
3-Le congé de « proche aidant » (art. L.3142-16 CT, créé en 2017, puis nouvelle version applicable depuis octobre 2020).
Le législateur a prévu un cadre légal pour le don de jours de congé au profit des proches aidants venant assister un « proche en perte d’autonomie d’une particulière gravité ou présentant un handicap » (art. L.3142-25-1 CT).
Le salarié peut disposer d’un congé de proche aidant pendant une durée de 3 mois renouvelable sans dépasser un an sur l’ensemble de sa carrière. Cette absence n’est pas rémunérée par l’employeur (sauf dispositions conventionnelles ou collectives). Il peut également percevoir une allocation journalière du proche aidant (Ajpa) versée par la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) pendant 66 jours maximaux au cours de son parcours professionnel. Le salarié a droit à un maximum de 22 jours d’Ajpa par mois. Celle-ci permet de bénéficier des aides et des services nécessaires à l’accomplissement des actes essentiels de la vie. C’est une aide personnalisée qui répond aux besoins particuliers de chaque bénéficiaire. Elle concerne aussi bien les personnes âgées résidant à domicile que les personnes âgées hébergées en établissement.
Depuis le 1er avril 2021, le congé de proche aidant est rémunéré. L’Ajpa est versée par la Caisse d’allocations familiales (CAF) et est fixée à :
– 52,13 € pour un aidant vivant seul
– 43,87€ pour une personne vivant en couple (mariage, Pacs ou concubinage).
Quelle action syndicale ?
Pour la FCE-CFDT, l’aide aux aidants doit être un sujet de négociation dans les branches et dans les entreprises.
L’entreprise
Le sujet des aidants s’insère dans une négociation plus large (Art. L.2242-17 du Code du Travail), en prenant en compte « l’articulation entre la vie personnelle et la vie professionnelle pour les salariés ».
Pour la FCE-CFDT, les négociations annuelles obligatoires (NAO) doivent être l’occasion de porter nos revendications sur l’aide aux aidants.
Pour la FCE-CFDT, la négociation d’accords comportant des propositions concrètes pour aider les aidants doit s’inscrire pleinement dans la politique de RSE de l’entreprise et est un levier pour améliorer la QVCT (Qualité de Vie et Conditions de Travail).
Pour la FCE-CFDT, la négociation d’accords spécifiques à l’aide aux aidants ou l’intégration de points sur l’aide aux aidants dans des accords Handicap, ou encore QVT existants, est un vrai levier dont il faut se saisir pour améliorer la conciliation entre vie personnelle/vie professionnelle.
Le comité social et économique (CSE)
Pour la FCE-CFDT, un autre axe revendicatif est de pouvoir construire une stratégie syndicale dans le cadre du CSE. Ainsi, le budget des œuvres sociales du CSE sert à financer des activités destinées en priorité aux salariés et à leur famille.
Outre les subventions habituelles, le CSE est habilité, dans le cadre de sa mission sociale, à accorder tout type d’aide qu’il juge pertinente, à condition que chaque salarié dans la même situation y ait droit.
Il peut notamment allouer une somme d’argent, sous forme de don, à un salarié qui rencontrerait des difficultés financières particulières. Le don au salarié doit être qualifié de secours, il est exceptionnel et est soumis à des conditions bien définies.
La banque des temps, un projet CFDT
Aujourd’hui, une grande majorité des salariés souhaite pouvoir disposer de temps tout au long de la vie plutôt qu’en fin de vie. Les aspirations des travailleurs actuels, et plus encore des jeunes amenés à investir le marché du travail, évoluent et nécessitent que soient pris en compte de nouveaux besoins. Face aux évolutions du travail, les marges de manœuvre pour une meilleure flexibilité sont nombreuses, et les entreprises ont su les saisir.
Tout l’enjeu de la banque des temps est justement de redonner au travailleur la liberté de disposer de temps pour ce qui compte vraiment pour lui, soit pour un objet non prévu par le code du Travail (ex. : quelques jours pour être proche de son enfant à certaines étapes clés de sa vie), soit pour combler les lacunes d’un congé déjà existant (ex. : rémunération d’un congé sabbatique), ou compléter la rémunération d’un congé proche aidant. À côté d’une utilisation à but strictement individuel, la banque des temps devrait également permettre l’expression d’une solidarité ou d’un engagement citoyen en permettant à un travailleur de donner des jours rémunérés au bénéfice de salariés en difficulté ayant besoin de temps dans le cadre de la prise en charge de la dépendance, de la perte d’autonomie, ou de bénévoles associatifs, par exemple.
Pour la FCE-CFDT, le rôle du proche aidant doit être reconnu et valorisé notamment en prenant en compte le temps passé dans le calcul de la retraite et en favorisant son repositionnement professionnel en cas d’arrêt d’activité professionnelle ou d’incompatibilité avec son rôle d’aidant. Il est important de soutenir les proches aidants, de les inclure dans la construction de projets, de leur faciliter les démarches
administratives, et de leur permettre des moments de répit.