MAG FCE : Bonjour, pouvez-vous nous décrire l’ambiance dans l’entreprise Trecia ?
Il n’y a pas de dialogue social, nous ne sommes pas entendus. L’humain n’a plus sa place, ce qui compte, ce sont les chiffres à remonter à Faurecia, à Paris. Du côté syndical, la CFDT pèse un peu plus de 26 % aux dernières élections, la CFTC est majoritaire, et il y a aussi la CGT.
MAG FCE : Venons-en au conflit que vous avez initié, quel est d’après vous l’élément déclencheur ?
Il y en a plusieurs. Le mépris, la non-considération, les conditions de travail… et le sujet des salaires qui est arrivé à ce moment-là. La première proposition patronale à 1,7 % a été l’étincelle.
MAG FCE : Comment avez-vous géré cette colère ?
En lien avec Céline du Syndicat, nous avons décidé de commencer par un débrayage. Et, très vite, l’attitude de la direction nous a poussés à proposer aux salariés de se mettre en grève reconductible. Nous avions prévenu que ce ne serait pas qu’une seule journée. Et nous étions près de 50 % de l’usine grévistes.
MAG FCE : A partir de ce moment-là comment la section s’est organisée ?
De manière spontanée, les militants et les adhérents CFDT ont pris un rôle. Les négociateurs, l’intendance, et aussi Magali qui était chargée de gérer les nouveaux adhérents. Nous avons installé un barnum avec sono, un feu de palettes…
MAG FCE : Avez-vous eu besoin d’agir en dehors de l’entreprise ?
Oui, car en interne, il n’y avait plus d’avancée, c’était l’impasse. Le Syndicat Franche-Comté a joué son rôle en interpellant les politiques, le préfet, d’autres sections CFDT du secteur. Nous avons dû faire appel à l’inspection du travail, car la direction a recruté des intérimaires pour remplacer les grévistes. Le rapport de force était installé, mais malgré cela, rien n’avançait. En milieu de conflit, nous avons négocié une journée entière sans aboutir.
MAG FCE : Vous avez douté de l’issue de ce conflit ?
Malgré la motivation des grévistes, oui, à un moment l’équipe se demandait où on allait. Ce qui m’a redonné de l’énergie, ce sont les mots d’un responsable FCE qui m’a dit : « Tu sais, c’est normal de douter à un moment dans un conflit, mais dis-toi que ta direction aussi doute. » Ça m’a reboosté.
MAG FCE : Avez-vous fait évoluer vos revendications durant ce conflit ?
On a fait que ça pour essayer de faire avancer la négociation. La direction était bloquée à 2,5 sur les augmentations générales au regard de ce qui se faisait sur les autres sites du groupe Faurecia. On est partis sur les indemnités de transport. Et comme la direction locale n’entendait toujours pas, via la Fédération Chimie Energie et le Syndicat, nous avons interpellé la direction du groupe Faurecia, qui est venue sur place. Et là, on a trouvé la clef de sortie de ce conflit. Nous avons obtenu une indemnité de déplacement de 25 à 40 € par mois, 500 € de prime et une AG de 2,5 %.
MAG FCE : Que retenez-vous de ce conflit ?
David : Une belle aventure humaine.
Régis : Fier d’avoir mené un mouvement social juste !
Karine : Les applaudissements et la joie à l’annonce des acquis et la confiance que nous ont accordé les salariés.
Céline : L’utilité du réseau CFDT dans une aventure humaine.
Magali : Une belle expérience humaine où tout le monde se connaît maintenant, et une bonne dizaine de nouveaux adhérents !!
MAG FCE : Merci et bravo à vous et aux salariés qui vous ont suivis, ainsi qu’au Syndicat Chimie Energie Franche-Comté pour cette belle réussite collective CFDT.