La double interview du Président d’EDF et du Secrétaire Général de la CGT Energie-Mines dans le journal LE MONDE du 10 courant, traduit une compréhension réciproque qui ne peut manquer d’interroger.
Si l’on peut comprendre qu’EDF intègre le poids respectif des organisations syndicales, il est surprenant que cela la conduise à favoriser le retour à un syndicalisme maison au moment où les entreprises, qui ont connu cette réalité, font tout pour en sortir.
Il faut dire que la CGT accompagne et justifie avec la foi des nouveaux convertis, l’ensemble des réformes d’essence libérale que conduit l’entreprise. Cette adhésion à des thèses, hier copieusement dénoncées, est moins surprenante si l’on se rappelle que la CGT est depuis l’origine l’une des composantes du système qu’elle s’efforce aujourd’hui de reconduire.
La FCE-CFDT, qui a toujours pris en compte les évolutions économiques du secteur, se félicite de cet accès de la CGT au réalisme et gardera, pour ce qui la concerne, lucidité et discernement.
François ROUSSELY affirme sa volonté de mener de front le renforcement du service public et la conquête de nouvelles parts de marché à l’international. Le Président d’EDF se déclare par ailleurs prêt à ouvrir davantage le marché français professionnel si les particuliers restent sous le monopole d’EDF.
La FCE-CFDT rappelle que ce n’est pas aux entreprises de décider des missions de service public dévolues à son secteur d’activité. Il appartient aux responsables politiques de déterminer, à l’occasion d’un large débat public, les missions que la représentation nationale souhaite garantir, au nom de la cohésion sociale et de l’aménagement du territoire quels que soient les opérateurs concernés.
La FCE-CFDT réclame depuis de nombreux mois un tel débat et interpellera tous les candidats à l’élection présidentielle sur leurs orientations en matière de politique énergétique.Sur le nucléaire, le Président d’EDF déclare que la politique du «tout nucléaire»ne pourra être remise en cause avant 2050.
Le problème du renouvellement des Centrales actuelles se posera en réalité d’ici 10 à 15 ans et la France ne pourra faire l’économie d’un vaste débat public sur cette question sensible.
La FCE-CFDT est favorable à un juste équilibre entre les productions d’énergies centralisées et le développement des énergies renouvelables, plus adaptées aux besoins et ressources locales.
Favorable aussi à l’inscription des politiques nationales dans un cadre européen commun.
C’est dans cet esprit que la FCE-CFDT refuse toute décision hâtive quant au lancement du nouveau réacteur nucléaire «EPR» et entend favoriser le développement du «mix énergétique»
Enfin, François ROUSSELY insiste particulièrement sur la dimension éthique de l’entreprise à l’international et son corollaire en matière de développement durable.
On ne peut que se féliciter de ses intentions qui éviteront sans doute à EDF de se comporter à l’étranger, notamment en matière sociale, comme d’autres multinationales prédatrices.
L’exemple récent des licenciements massifs qu’EDF a pratiqué dans sa filiale brésilienne LIGHT, montre que le risque n’est pas nul en la matière.
La sincérité des engagements d’EDF devrait conduire sa Direction à répondre positivement aux propositions de notre Fédération de négocier un accord social de groupe qui permettrait à tous ses salariés, quelles que soient la nationalité et la filiale, d’avoir des minimums de garanties communes dans leur contrat de travail.
Porteuse de valeurs et de positions qu’elle affirme depuis toujours, la FCE-CFDT veut faire gagner, à EDF comme ailleurs, un syndicalisme autonome, responsable et soucieux de l’intérêt général.
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