Lorsque l’on fabrique des engrais, que l’on est classé Seveso II, les conséquences de la catastrophe de Toulouse se font rudement sentir. C’est ce que vient de vivre la Seco.
«La Seco sera fermée d’ici moins d’un an ». Voilà la nouvelle que les salariés de la Société d’engrais chimiques et organiques de Ribécourt ont découverte le 25 septembre en ouvrant leur journal. Cette annonce a été faite par un ex-député de l’Oise, qui dit la tenir d’une source gouvernementale.
Rapidement, cette information se diffuse comme une traînée de poudre. Le directeur apprend lui aussi par voie de presse que son entreprise n’en a plus pour longtemps et les clients téléphonent pour savoir s’ils peuvent être livrés. C’est alors l’incompréhension et l’inquiétude parmi les salariés.
Aussitôt, la section syndicale réagit. En lien avec le syndicat chimie énergie Picardie, la section part aux nouvelles et communique dans les médias. La préfecture dément la fermeture. Aucune des instances officielles contactées en haut lieu ne confirme le projet de fermeture du site ou n’a connaissance d’une étude quelconque de fermeture de la Seco.
Alors pourquoi une telle annonce ? La Société d’engrais chimiques et organiques a 70 ans d’existence. Détenue à 50/50 par Kemira et Prayon, elle produit et commercialise des fertilisants liquides et solides, et réalise 8 % de part de marché en France. Employant 110 salariés et occupant 300 emplois indirects, elle est classée Seveso seuil haut en raison du stockage de 225 tonnes d’ammoniac. Voilà donc la formule détonante : engrais et Seveso II.
Après la catastrophe de Toulouse, l’entreprise a été citée par certains comme étant la petite sœur d’AZF. Pourtant, elle n’a jamais fabriqué d’ammonitrates et n’abrite plus de fertilisants classe B, c’est-à-dire à décomposition auto-entretenue.
De nombreux investissements concernant la sécurité et les risques industriels ont été réalisés. Actuellement, un projet de cabanage avec système d’extracteur est en cours. Cet investissement est une mesure sécuritaire supplémentaire liée au stock d’ammoniac. Il permettra de réduire le périmètre Seveso aux portes de l’entreprise.
L’ex-député, invité à s’expliquer par le CE de la Seco, maintient la véracité de son information, pourtant démentie de toutes parts. La section reste donc vigilante. Et le syndicat aussi, car au-delà de la Seco, la région Picardie est riche de 34 sites à risques.