La conférence européenne de la chimie, qui vient de se tenir le 4 décembre dernier à Paris sur le thème de la sécurité et des conditions de travail, constitue une étape majeure du dialogue social européen dans la chimie.
Venant après celles de Milan et de Berlin, cette conférence qui a réuni 120 responsables patronaux et syndicaux était pour la première fois organisée par l’Emcef, notre fédération européenne et l’European Chemical Employers Group (ECEG).
C’est une différence de taille car jusqu’au début 2002 l’Emcef n’avait pas d’homologue patronal. Cette situation n’était pas le fait d’un oubli de la part du patronat européen de la chimie, mais le produit d’une conception restrictive de la construction européenne et des exigences qu’elle pose à tous. La création de l’ECEG marque donc une évolution politique et le fait que seules 11 chambres patronales de la chimie européenne sur 26 en soient membres témoigne de la vivacité du débat en son sein.
Moment important donc, mais qui ne prendra sa véritable dimension que si cette conférence s’avère bien à terme avoir été le creuset d’un dialogue social à la dimension de la profession et de l’Europe. Nous n’en sommes encore pas là puisque ceux que l’on peut qualifier d’aile éclairée du patronat n’en refusent toujours pas moins de parler de dialogue sectoriel. Reste que c’est bien dans cette voie que les uns et les autres sont désormais engagés.
Pour l’heure, il s’agissait surtout d’échanger sur les exigences accrues qu’exprime la Commission européenne en matière de sécurité des substances chimiques. Des intervenants patronaux, mais aussi des syndicalistes, ont évoqué les menaces qui découlent selon eux de contraintes nouvelles adoptées par la seule Union européenne et qui grèveraient la compétitivité de son industrie chimique. Pour notre part, et avec d’autres, nous avons affirmé que si la nouvelle réglementation européenne doit être adaptée et applicable, l’avenir de nos industries et de leurs emplois passe par la maîtrise transparente, concertée et négociée de la totalité de leurs risques.
Nous avons également souligné la nécessité de se garder de démarches communes assimilables à un corporatisme étroit qui entacheraient la crédibilité du syndicalisme aux yeux de l’opinion, les organisations écologistes et autres groupes de pression apparaissant alors seuls autonomes des intérêts de la profession et des entreprises. Les différences d’approches qui sont apparues sont réelles mais la volonté de les traiter ne l’est pas moins et c’est le plus important. La déclaration finale qui a été signée marque ainsi le souci des uns et des autres de développer leurs échanges et coopérations.
Le premier dossier qui sera ouvert au courant du premier trimestre de cette année portera sur la démarche dite de « responsible care » traduite en français par « engagement de progrès ». Faire de la sécurité un objet commun est simple bon sens. Cela devrait bientôt être chose faite. Ainsi, même s’il ne dit pas encore son nom, le dialogue sectoriel européen est en marche dans la chimie. Ce mouvement doit beaucoup à l’action de notre fédération, autant dire que nous allons poursuivre nos efforts dans le même sens !
La Trilatérale
La « Trilatérale » est née en 1993 par la volonté des fédérations syndicales italiennes, espagnoles, françaises et leurs homologues des chambres patronales. L’ensemble de ces partenaires, face à la difficulté d’obtenir une avancée générale des acteurs des industries chimiques dans la voie du dialogue européen, ont décidé, sans attendre, d’explorer, pas à pas, cette voie.
Unique en Europe, cette démarche motivée par la volonté de rechercher, entre partenaires sociaux, les voies et moyens d’un dialogue sectoriel européen est toujours effective aujourd’hui. La « Trilatérale » a permis la réalisation d’une étude sur les politiques remarquables de formation professionnelles dans les trois pays et a obtenu pour cela la reconnaissance de la commission européenne sous la forme du label du programme « Léonardo ».
Le fait même que les acteurs de la » Trilatérale » aient pu, tout au long de ces dix années, se dire très directement, et parfois vivement, leur façon de penser sans que cela ne les sépare, prouve que les ambitions communes sont plus fondamentales que les désaccords ponctuels.
La conférence européenne de la chimie, organisée le 4 décembre à Paris, constitue le prolongement déterminant de la dynamique lancée par la » Trilatérale ».