« Agir au sein des CHSCT pour mettre un frein aux dégâts causés par les TMS ». Les délégués des sites Trelleborg de Carquefou se sont mobilisés et déjà enregistrent les premiers résultats.
Une fois terminée la formation de membre de CHSCT, les délégués des usines Trelleborg de Carquefou ont décidé d’agir pour mettre en œuvre ce qu’ils venaient d’apprendre. Une véritable mobilisation est déclenchée !
Les élus des quatre usines (Modyn, Soratech, Polyspace, Prodyn) qui composent le site de Carquefou n’étaient pourtant pas restés jusqu’à ce jour sans rien faire. Mais dans certains secteurs, les machines, comme les situations de travail continuent d’entraîner de graves lésions, de véritables atteintes à l’intégrité des personnes. Il y a des blessures et des séquelles irréversibles. Des salariés sont victimes de troubles musculo-squelettiques (TMS).
En décembre 2001 et janvier 2002, trois des quatre CHSCT du site votent leurs missions respectives (voir encadré). Les directions se montrent sceptiques. Tout laisse à penser qu’elles découvrent la notion de mission.
Quelques habitudes bousculées
Une fois les sujets d’enquêtes présentés – ils sont tous liés aux TMS – le travail s’engage et déclenche une petite révolution car la façon de faire est totalement nouvelle. Elle bouscule quelques habitudes. A tous les niveaux.
Bouleversement car, tel un jeu de cartes posé sur une table pour exécuter une réussite, dès que la partie est engagée il n’y a pas d’autre issue que de la continuer. Chaque mission est un peu comme la carte que l’on retourne. Elle fournit son lot d’informations et invite à retourner d’autres cartes pour que l’objectif soit atteint. A Carquefou, l’objectif est d’éliminer toutes les situations (postes, machines, procédures) qui déclenchent les TMS.
Chez Modyn, les délégués vont à la rencontre des salariés sur leurs postes de travail pour entendre leur avis sur les conditions de travail.
Chez Soratech et Polyspace, les délégués de la CGT et les cadres non syndiqués ne s’opposent pas à la mission mais ne semblent pas vraiment convaincus de l’initiative.
Les enquêtes, adaptées à chaque site, ne se déroulent pas de la même façon ni au même rythme. Chez Modyn, on « engage des prolongations » car les salariés des équipes de nuit veulent aussi être interrogés.
Fin avril, l’enquête est achevée et, fin mai, à l’issue de son analyse, la CFDT explique dans un tract les premiers résultats. Elle y souligne que déjà, la direction a procédé à quelques modifications d’organisation du travail.
Chez Polyspace les délégués ont tenu à effectuer leur mission de façon autonome. La direction voulait, avec deux de ses représentants participer à l’enquête dans les ateliers. Elle a essuyé un refus de la part des délégués.
L’enquête s’est quelquefois révélée « originale ». Ainsi, quand un délégué est venu observer un poste de travail tenu par un cadre, ce dernier a eu le sentiment d’être contrôlé, « C’est le monde à l’envers » a-t-il déclaré !
Chez Soratech une nouvelle enquête a été lancée en septembre. La CGT y est associée.
Une envie de parler
Sur l’ensemble des usines, tous les délégués ayant participé aux interviews reconnaissent qu’ils ont été bien accueillis. A maintes reprises les salariés ont dit leur satisfaction de prendre un peu de temps pour parler du travail.
La démarche de « missions » a aussi changé les fonctionnements syndicaux. Ainsi les délégués des CHSCT qui ne se rencontraient pas, ou peu, se voient désormais régulièrement. C’est à l’occasion de l’une de ces rencontres que les délégués d’un site ont décidé d’expérimenter un outil de manutention utilisé dans les ateliers voisins. L’initiative se révèle pertinente. A l’issue de l’expérience la direction investit dans le matériel choisi par les délégués.
Chez Modyn, le CHSCT est maintenant consulté sur les productions qui entraînent de nouvelles organisations et conditions de travail.
La démarche a mobilisé les militants bien au-delà des délégués des CHSCT. Elle a aussi contribué à structurer le fonctionnement de la section syndicale. Un changement dont personne ne se plaint et pour lequel, Gilbert, délégué syndical central, a son avis. « Le travail que nous avons engagé a redonné du « punch » à tout le monde. La « mission » est une véritable action de « terrain » qui nous permet d’être proches des salariés. Et, cerise sur le gâteau, elle nous a permis de faire de nouveaux adhérents ! C’est la CFDT elle-même qui retrouve du muscle ».
La mission
Au-delà des heures liées au mandat du délégué ou à la traditionnelle réunion trimestrielle, les élus peuvent ensemble prendre des initiatives. C’est là tout ce que permet la « mission ». Il s’agit pour les membres du CHSCT d’identifier une question ou un problème auquel sont confrontés les salariés, et de définir pour le résoudre une action bien particulière. Ensuite intervient le vote de la « mission » du CHSCT. C’est là une initiative d’action qui ne peut se voir opposer par la direction des réserves qui seraient liées aux contingents limités d’heures de délégation ou bien encore à la durée ou aux coûts que pourra représenter le temps nécessaire au travail des délégués qui seront alors « en mission ».