Le ministre de l’Emploi et des Affaires sociales, M. Fillon, a annoncé son intention d’engager les négociations sur les retraites début 2003. Nous ne connaissons pas encore les propositions gouvernementales. La CFDT sera vigilante, prête à mobiliser les salariés si nécessaire, et force de propositions.
Le rapport du COR (comité d’orientation des retraites) paru en décembre 2001 a mis en lumière les défis auxquels nos systèmes de retraites seront confrontés dans les années à venir.
Défi pour les années à venir
La part des retraites dans le PIB (Produit intérieur brut, c’est-à-dire la richesse créée) a évolué.
Prestations vieillesse en % du PIB : 1959 : 5,4 ; 1970 : 7,3 ; 1975 : 9,1 ; 1980 : 10,3 ; 1990 : 11,2 ; 2000 : 12,6. En 40 ans, leur poids a donc augmenté de plus de sept points de PIB, soit l’équivalent de 100 milliards d’euros environ.
Dans les années à venir, deux phénomènes vont se conjuguer. Tout d’abord l’espérance de vie va continuer d’augmenter. Aujourd’hui elle est, à 60 ans, de 20,2 ans pour les hommes et 25,6 ans pour les femmes. Elle augmentera de cinq ans et demi d’ici 2040.
Deuxième phénomène : l’arrivée à la retraite des générations du papy boom, c’est-à-dire les gens nés dans l’après-guerre. A partir de 2007, le nombre de personnes qui atteint 60 ans chaque année passera de 600 000 à 850 000. Aujourd’hui, il y a 44 retraités pour 100 actifs. En 2040, il y aura 83 retraités pour 100 actifs.
Certains diront : si la croissance économique est plus forte, le problème sera moins crucial. Le COR a fait des projections, avec différentes hypothèses. La fourchette du poids financier des retraites varie entre 13,6 % et 13,8 % du PIB pour 2020 et de 15,7 % à 16 % pour 2040. L’impact d’une forte reprise de la croissance est donc limité. La question du financement des retraites est donc posée, quelle que soit l’évolution de la situation économique.
Propositions de la CFDT
Le congrès confédéral, en mai 2002 à Nantes, a débattu de la question des retraites au travers d’une résolution sur la protection sociale adoptée, après débat sur les amendements, par 77,1 % des mandats. Citons en quelques extraits. « Pour la CFDT, la répartition est un principe intangible ». La CFDT refuse donc la substitution de la répartition par la capitalisation.
La CFDT veut « assurer le droit au départ à 60 ans en proportion des droits acquis, améliorer les conditions de validation des périodes de travail atypiques (chômage, formation, stages en entreprises etc.), revaloriser les retraites complémentaires, le minimum contributif et le minimum vieillesse ».
La CFDT revendique pour les travaux pénibles « une bonification d’annuités leur permettant d’acquérir plus rapidement leur durée de cotisations ». « La réforme de tous les régimes de retraite est une exigence de la CFDT, elle doit être globale, jouer sur une variété de mesures, être concertée et pilotée dans le temps ». « Pour l’ensemble des régimes de retraite couvrant les salariés du privé et du public, les deux objectifs sur lesquels la CFDT s’engage sont :
• « l’arrêt de la dégradation du niveau de remplacement (rapport entre la pension et le revenu d’activité) en fixant ce niveau et en le garantissant durablement ». Ce taux de remplacement s’est fortement dégradé dans le régime général suite à la réforme Balladur de 1993.
• « l’obtention du droit de partir en retraite à taux plein dès l’acquisition des 40 années de cotisations quel que soit l’âge » donc avant 60 ans. Cette revendication est un plus qui permettrait à un nombre important de retraités, du secteur public comme du secteur privé, de partir plus tôt qu’aujourd’hui. C’est une mesure de justice sociale. En effet, les salariés qui ont commencé à travailler tôt cotisent plus longtemps, sans droits supplémentaires et ont souvent une espérance de vie plus courte lorsqu’ils effectuent des travaux pénibles.
La stratégie de la CFDT
Les retraites sont un enjeu de société fondamental. Afin d’avoir le meilleur rapport de forces possible pour la négociation avec le gouvernement, la CFDT fait tout pour favoriser les convergences avec les autres organisations syndicales. C’est le sens de sa participation aux manifestations départementales et régionales du 1er février à l’appel de 7 organisations syndicales (CFDT, CGT ; FO ; CGC, CFTC, FSU, UNSA). Le texte d’appel à ces manifestations reprend des propositions de la CFDT comme la nécessité d’une réforme pour préserver les systèmes par répartition, un fort taux de remplacement et le droit de partir à la retraite avant 60 ans, dès lors qu’on a atteint 40 années de cotisations. Soyons nombreux dans la rue le 1er février pour défendre ces propositions !
Le système de retraites par répartition est basé sur un principe simple : les cotisations des actifs (patronales et salariales) financent les retraites d’aujourd’hui. C’est un système solidaire entre les générations.
Le système par capitalisation est basé sur une autre logique, beaucoup plus individuelle. Chacun épargne, selon ses moyens, pour se constituer des droits à la retraite. Les salariés qui ont des revenus moins élevés et donc moins de capacités d’épargne sont nécessairement défavorisés. De plus, ce système est basé sur des placements en bourse qui peuvent entraîner un effondrement des actifs (cf. Enron où tous les actifs du fonds étaient placés dans des actions de l’entreprise, la faillite de celle-ci a entraîné la faillite du fonds de pension).