Portrait
Patrick Pierron est le nouveau secrétaire général de notre fédération depuis le 1er janvier. Sa discrétion et sa réserve naturelle font de lui un homme dont on a peu parlé jusqu’ici.
«C’est une nouvelle période qui s’ouvre pour moi et une lourde responsabilité. Le secrétaire général doit porter la politique fédérale à l’interne comme à l’externe. C’est sa priorité. Il doit animer les collectifs, posséder une forte capacité de synthèse, participer à la réflexion confédérale. On retrouve ces mêmes exigences quand on dirige, comme je l’ai déjà fait, un syndicat, mais c’est à un autre niveau ! ».
Débuts militants à l’occasion d’une grève
C’est à Metz, en 1987, à l’occasion d’une grève sur les salaires qu’il fait ses débuts militants en prenant la parole au cours d’une assemblée générale. « C’était la première fois, j’étais impressionné, mais je me suis dit il faut te lancer ».
Son intervention est remarquée par le responsable du syndicat. Il lui propose d’intégrer l’équipe pour impulser une politique de développement en direction des jeunes. Il a 26 ans. « Je ne connaissais pas grand-chose de la CFDT, son histoire, son fonctionnement, son organisation. J’ai tout appris en même temps que je l’apprenais aux autres ». Il devient responsable et animateur de formation. « Cette expérience m’a beaucoup enrichi en développant mon sens de l’écoute, ma capacité de synthèse, d’adaptation, de dépassement de soi ».
Ces qualités le conduisent au poste de responsable régional FGE CFDT Grand Est. Il œuvre avec résolution pour la fusion des syndicats FGE et FUC. En 1997 quatre syndicats chimie énergie sont constitués. Patrick devient secrétaire général du syndicat chimie énergie Lorraine.
En janvier 2000, la fédération lui demande de prendre la responsabilité du secteur Economie Emploi Société et le suivi de la branche des industries électriques et gazières. C’est une équipe fragilisée par les dernières dissensions de la fusion FUC/FGE qui l’attend.
Avec calme mais fermeté, Patrick structure et consolide la branche. Il pose les bases d’un fonctionnement solide validé aujourd’hui par une prise de position et des propositions claires face aux changements majeurs qui percutent les industries électriques et gazières.
A 41 ans, Patrick prend les rênes de la fédération avec des projets bien définis. Si on lui demande « quelles sont tes ambitions pour la fédération », il répond sans hésiter « consolider et ouvrir ».
Consolider
Les expériences qu’il a menées à bien jusqu’ici illustrent son savoir-faire. « La FCE est aujourd’hui sur les rails. Un gros travail de mise en commun a été fait. Il faut maintenant renforcer la culture FCE, la pérenniser, mélanger public et privé. Cela passe par la prise en compte de l’intérêt général. C’est le cœur de notre réflexion ».
Ouvrir et s’ouvrir
C’est pour ça qu’il a adhéré à la CFDT. « La CFDT ne reste pas enfermée dans l’entreprise. Le rôle du syndicalisme est d’abord d’être attentif aux préoccupations des salariés, mais il doit pouvoir faire la synthèse entre intérêt général et intérêts particuliers. C’est ce que fait la CFDT. Elle est inscrite dans des perspectives sociétales, de solidarité. Aujourd’hui nous devons développer encore plus ces aspects, être plus en partenariat avec les autres et le monde associatif. Je pense aussi que la réflexion intellectuelle est indispensable à notre action. Nous devons coopérer avec d’autres milieux pour enrichir notre démarche ».
Pour la FCE, il trace les grandes lignes de la politique fédérale qu’il entend conduire.
Affirmer une ligne revendicative commune pour l’ensemble des entreprises de notre champ.
Traduire le développement durable concrètement dans l’action de la CFDT, au quotidien, dans les branches et dans les entreprises. « C’est une autre façon de penser que nous devons acquérir. C’est plus une notion de projet qu’une logique revendicative à court terme ».
Développement et syndicalisation
Renforcer le développement et la syndicalisation par la prise en charge de la politique des responsables, et la consolidation des collectifs. « Aujourd’hui les équipes sont inégalement réparties ou composées, et souvent trop refermées sur elles-mêmes. Il faut créer une nouvelle génération de militants ».
Poursuivre le travail engagé au niveau européen. « On se heurte, comme les politiques, aux différences de cultures, aux difficultés de compréhension. Il va falloir passer au-dessus des intérêts nationaux, tels qu’ils se sont hélas manifestés pour le livre blanc de la chimie par exemple.
Demain, pour l’énergie, nous allons rencontrer les mêmes problèmes. Il faut faire partager l’Europe par les collectifs. Un travail de coopération avec les syndicats européens est nécessaire, en particulier ceux de l’Europe de l’Est qui viennent d’adhérer ».
Son investissement personnel fort dans la démarche collective, son exigence dans l’appropriation des dossiers traduisent sa volonté et son engagement.
S’il apprécie chez les autres l’ouverture d’esprit, l’intérêt, la curiosité (il supporte mal les idéologues, les esprits fermés, les certitudes), il aime aussi les personnes qui ont des idées et savent les mettre en pratique « C’est pourquoi je peux m’impatienter lorsque des personnes promettent des choses et ne les font pas ». Et derrière le sourire chaleureux on sent poindre la fameuse devise du duché de Lorraine « qui s’y frotte s’y pique ».