En retrouvant sa deuxième place aux élections du personnel, la CFDT est en passe chez Michelin de gagner le pari du dialogue social.
Avec plus de 27 % des suffrages, la CFDT retrouve la deuxième place devant SUD et marque une nette progression aux élections du personnel qui se sont déroulées le 20 mai dans les quatre établissements de Clermont-Ferrand.
Avec ces résultats, tout comme ceux obtenus à Vannes il y a deux mois où la CFDT gagnait la première place, c’est l’action de la CFDT, au plus proche des réalités, qui est reconnue par les salariés. Ce scrutin est intervenu après la prise de position courageuse et déterminée de la CFDT sur les retraites. Il traduit une confiance plus large en une CFDT capable d’aborder et de traiter les dossiers les plus difficiles et de prendre ses responsabilités.
Depuis plus de deux ans, la CFDT est en passe de gagner chez Michelin le pari du dialogue social et de la négociation. Aujourd’hui, grâce à l’opiniâtreté et à la ténacité des militants CFDT, plusieurs accords ont été conclus (Cessation anticipée d’activité, préretraite, intéressement). La CFDT peut mettre à son compte le fait d’avoir permis l’évolution d’une entreprise où les choix sociaux et les décisions appartenaient depuis des décennies à la seule direction.
Chacun se souvient des difficultés rencontrées au moment des discussions pour un accord de réduction du temps de travail. Cela s’était traduit au moment du référendum par le départ de quelques délégués et l’apparition de SUD sur l’échiquier syndical.
L’analyse des résultats des élections au comité d’entreprise montre que la répartition des sièges dans le collège ouvriers n’a pas changé. Pour autant, un examen plus fin révèle que la CFDT gagne en voix, tout comme la CGT, tandis que SUD perd de l’audience. Dans le collège des agents de maîtrise, la CFDT gagne un siège et reste la première organisation malgré l’arrivée de la CFE-CGC. Là aussi, SUD perd en représentativité. Dans le collège cadres, la CGC remplace les indépendants qui, depuis des lustres, étaient les représentants traditionnels de cette catégorie. La CFDT ne présentait pas de candidats.
Aujourd’hui, la question des relations sociales au sein de la manufacture est en cours de négociation. Voilà un autre dossier que la CFDT compte bien marquer de son empreinte.
Les relations sociales :
un contact entre « quatre z’yeux »
Aujourd’hui, la question des relations sociales au sein de la manufacture est en cours de négociation. Voilà un autre dossier que la CFDT compte bien marquer de son empreinte.
Pour la CFDT, les relations sociales se fondent sur le lien direct entre le salarié et le délégué. Elles ne se réduisent pas, même si cela est important, aux seuls contingents d’heures attribués aux délégués, ni au nombre de réunions avec la direction.
Des réunions paritaires engagées depuis plusieurs semaines sur les relations sociales, ressort un inventaire complet des questions liées à ce thème. Il s’agit maintenant de transformer le projet en accord d’entreprise.
Le nombre de délégués syndicaux, de délégués du personnel, d’élus aux comités d’établissement, mais aussi leurs prérogatives, les heures de délégation allouées à chacun, tout a été examiné. Les débats ont donné l’occasion de discuter l’organisation des réunions de négociation, en particulier les moyens mis à disposition des organisations syndicales.
Justement, c’est sous l’angle des moyens que la direction a répondu à la CFDT qui revendique la possibilité d’une relation directe avec les salariés.
Pour la direction, la solution est électronique. Chaque organisation disposerait d’un site, ou vitrine électronique, sur lequel les informations syndicales seraient disponibles. Chaque salarié pourrait lire les « affichages syndicaux ». La direction a indiqué qu’elle développerait pour cela le nombre de points de contact (ou bornes électroniques dans les différents établissements).
L’idée semble intéressante, voire même originale car le « tout électronique » en ce domaine est loin d’être atteint. Pourtant, cette réponse, digne du 3e millénaire, ne peut remplacer le contact direct « entre quatre z’yeux » avec les salariés. Pour établir ce lien indispensable, la CFDT a demandé la tenue régulière de réunions d’information avec les salariés pour favoriser les débats. C’est cela la relation sociale. Et l’équipe CFDT de préciser sa revendication : « Il s’agit de permettre à chaque salarié, dès lors qu’il le souhaite, d’aller à la rencontre d’un délégué et d’avoir du temps (une heure par mois) pour discuter des questions de son choix. » La direction a informé que les salariés peuvent tout aussi bien rencontrer leurs responsables hiérarchiques que les délégués. Une déclaration satisfaisante. Il reste à vérifier, à l’épreuve des réalités quotidiennes, la mise en œuvre d’une telle affirmation.