Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics économisent sur la politique de santé, notamment sur la durée de l’hospitalisation et la prise en charge des patients. Aujourd’hui, nombreux sont les salariés qui accompagnent une personne. Le recul du départ à la retraite va encore accentuer ce phénomène, avec des difficultés à concilier activité professionnelle et bien-être de la personne aidée comme de l’aidant.
La FCE-CFDT veut améliorer la prise en charge des aidés comme des aidants. Dans ce but, la FCE a élaboré une enquête qu’elle a déployée auprès de ses équipes syndicales.
Les objectifs de cette enquête sont les suivants :
• Sensibiliser à la situation d’aidant
• Faire en sorte que les salariés qui aident s’identifient comme aidants
• Connaître la situation de ces salariés
• Recenser les difficultés rencontrées dans les missions d’aidants
• Identifier les besoins de ces salariés
• Alimenter les revendications CFDT pour de nouveaux droits répondant au mieux aux attentes des personnes concernées (aidants et aidés).
Nous remercions les nombreux salariés qui ont participé à cette enquête.
Sociologie des répondants
Nous soulignons le nombre important de participations, 1 480 salariés ont répondu à l’enquête. Ce sujet de société n’intéresse pas seulement les aidants, puisque 42 % de répondants ne le sont pas aujourd’hui.
La répartition femmes/hommes est équilibrée. Plus de 7 répondants sur 10 ont 45 ans ou plus. Ils sont majoritairement en CDI, à temps complet.
Les résultats démontrent que la
répartition socioprofessionnelle est constituée de 15 % employés/ouvriers, 51 % TAM et 34 % cadres, travaillant principalement à la journée. à noter que 2/3 bénéficient de jours de télétravail.
Secteurs professionnels
Comme le démontre le graphique ci-dessous, les branches professionnelles les plus représentées sont les Industries électriques et gazières (32 %), le Pétrole (24 %) et la Chimie (22 %).
Les répondants sont majoritairement issus de grandes entreprises (84 % travaillent dans une entreprise de 500 salariés ou plus).
Les accords collectifs dans les entreprises
25 % des répondants affirment qu’il existe un accord dans leur entreprise portant sur les congés aidants.
Pour autant, nous constatons qu’un salarié sur quatre ignore s’il existe ou pas des accords dans son entreprise portant sur la QVT, l’égalité femmes/hommes, les travailleurs handicapés, les congés spéciaux, ou les congés aidants.
Les réalités des aidants
Les trois quarts des répondants se perçoivent actuellement comme
aidants. Ils le sont majoritairement auprès d’un proche, ou d’un membre de leur famille.
Leurs missions d’aidant sont fréquentes et irrégulières.
• 20 % de ces aidants interviennent tous les jours, et un tiers reconnaissent intervenir de façon aléatoire et variable.
• Presque la moitié de ces aidants
interviennent à chaque fois plus de 2h.
• Et plus d’un quart ne sait pas quantifier la durée, car elle est variable.
• Un aidant sur deux estime manquer de temps pour soi, ou pour aider.
Les salariés ont du mal à se rendre disponibles à l’improviste.
Trois répondants sur quatre ne peuvent pas s’absenter de leur poste de travail en urgence. Cette situation est problématique quand on voit que les interventions des aidants sont souvent de durée variable et de fréquence aléatoire.
Les difficultés rencontrées par les aidants
A la lecture de ce graphe, il est flagrant que le principal obstacle est le manque d’information sur les droits des salariés et les droits des aidants. 62 % de ces aidants estiment manquer de temps, soit pour eux, soit pour aider. 27 % s’inquiètent des conséquences financières de leur situation d’aidants.
Il apparaît qu’un quart de ces aidants estiment manquer de soutien, ou craignent l’isolement.
L’enquête laissait la possibilité aux répondants d’exprimer leurs attentes et de proposer des suggestions afin d’améliorer leur situation en qualité d’aidant, mais aussi pour améliorer la situation des aidés.
Plus de la moitié des répondants ont saisi cette opportunité. Ce qui démontre le véritable besoin d’expression autour de cette thématique.
Nous avons regroupé les différentes contributions par thème. Il ressort de cette analyse qu’il faut agir en priorité sur :
• L’organisation et l’aménagement du temps de travail, la souplesse des
horaires et des absences, les délais de prévenance…
• La formation et l’information, la connaissance des droits, le savoir-faire, le savoir-être…
• Le soutien administratif et moral,
l’accompagnement, le soutien psychologique…
Notons aussi des suggestions intéressantes, notamment : favoriser les échanges entre pairs, la possibilité de répit, la reconnaissance du statut d’aidant, l’amélioration de la bienveillance des managers, la crainte qu’il y ait un impact sur son évolution de carrière…
Ce que les salariés nous disent :
« Je prends tous mes RTT pour m’occuper de ma maman (Alzheimer) et l’emmener à ses rendez-vous médicaux. Je n’ai donc peu de temps pour me reposer ou m’occuper de moi. »
« Il faudrait pouvoir avoir un nombre de jours/an « proche aidant » comme il existe déjà pour les « enfants malades ». Pour en bénéficier, il suffirait de produire un certificat du médecin attestant de la perte d’autonomie de la personne aidée. »
« Personnellement, j’aurais besoin de connaître les aides que peuvent avoir mes parents et moi-même pour les aider. »
« Bon nombre d’entreprises se retranchent derrière le cadre légal, pensant que cela suffit. Or, beaucoup d’aidants souhaitent poursuivre une activité salariée « normale » et avoir du temps disponible pour organiser qui un RDV médical, qui une activité temporaire exclusivement en télétravail. Le cas par cas reste difficile… »
« Bien connaître les dispositifs, avoir un espace pour échanger avec d’autres aidants. »
« De l’aide pour trouver et mettre en place les aides médicales, le financement des consultations psy non prises en charge par la Sécu et mutuelle. »
S’ENGAGER POUR LES AIDANTS
Les résultats de cette enquête et les témoignages confortent la FCE-CFDT dans sa volonté d’agir : les aidants doivent avoir des droits supplémentaires. Leurs missions sont d’utilité publique. Leur engagement et leur implication sont indispensables à la société.
Forte de la richesse de cette analyse, la FCE-CFDT revendique
• La reconnaissance du statut de salarié aidant.
• La prise en compte du statut d’aidant dans le parcours professionnel (non-discrimination, acquisition de compétences…).
• L’instauration de congés supplémentaires pour les aidants.
• L’assouplissement des délais de prévenance pour permettre des absences inopinées.
• La mise en place d’un soutien psychologique et administratif des aidants sous toute forme (groupe de parole, psychologue, assistance sociale, financement des consultations médicales…).