Quatre ans après sa création, Aventis entendait accélérer son re-dimensionnement et poursuivre son recentrage sur la pharmacie. Cependant, les laboratoires éprouvent des difficultés grandissantes à découvrir, fabriquer et commercialiser des médicaments innovants. Aventis, comme les autres.
En 2003, le chiffre d’affaires d’Aventis progresse d’environ 6 % et son résultat net d’environ 15 %. Les médicaments Allegra, Lovenox, Taxotère, Triatec, Lantus, Ketek et Actonel contribuent largement, au niveau mondial, à ces bons résultats. En 2004, quatre ans après sa création, Aventis entendait accélérer son re-dimensionnement et poursuivre son recentrage sur la pharmacie.
Pourtant début janvier, Aventis vend à BASF la partie agrochimie de l’usine de biochimie d’Elbeuf, au grec FAMAR son usine de formulation et de conditionnement de Saint-Genis-Laval, au groupe indien RANBAXI sa filiale générique RPG/OPIH, à l’australien CSL ses dérivés sanguins BEHRING.
Un remodelage du groupe
En France, la campagne « Les antibiotiques, ce n’est pas automatique » et l’utilisation croissante des génériques donnent des difficultés aux laboratoires. Il en est de même en Allemagne. En voulant s’adapter à ce nouvel environnement, la direction d’Aventis annonce un remodelage du groupe, dit « re-shaping ». Ce remodelage va avoir des conséquences aux niveaux commercial, industriel et de la recherche.
Au niveau commercial, une direction médicale Europe est mise en place. Un poste de responsable oncologie Europe est créé. Mais combien de postes seront supprimés dans chacun des pays européens ? En France, l’inquiétude est grande au siège social du Laboratoire Aventis. Le groupe voulant se concentrer sur quelques produits, les médicaments promus seront forcément moins nombreux. Des suppressions de postes sont envisagées dans le marketing, le médical, etc. Les réseaux de visites médicales risquent aussi d’être trop nombreux.
Plusieurs sites en vente
Le niveau industriel est également impacté. A la création d’Aventis, on comptait environ 100 sites dans le monde. Il en reste moins de 50 aujourd’hui. Le nombre de sites de production des principes actifs pharmaceutiques est passé de 25 répartis dans 11 pays, à 14 répartis dans 5 pays. Le site de Villeneuve-la-Garenne est en vente, bien qu’il fabrique un produit stratégique, le Lovenox. Le site d’Elbeuf, pour sa partie fermentation, est aussi en vente. Concernant les sites de formulation, avec la baisse des volumes en France, de fortes menaces planent sur le site de Compiègne qui emploie 600 personnes.
Au niveau de la recherche, la fermeture du site de Romainville est prévue fin 2004. Plus de 1 000 personnes sont touchées. Transferts, préretraites, reclassements internes et externes, départs volontaires permettront de trouver des solutions. La CFDT a obtenu un engagement de résultats : les solutions trouvées devront être adaptées à chaque salarié. Au moment où la France et l’Europe ne donnent pas assez de moyens financiers à la recherche publique et privée, la réorganisation au niveau européen de la recherche d’Aventis devra accroître la coopération entre les sites parisien et allemand. Car il existe de fortes complémentarités entre eux deux.
annonce surprise de l’OPA lancée par Sanofi-Synthélabo sur Aventis place le groupe franco-allemand à la croisée des chemins. La mise des syndicats devant le fait accompli et la méthode employée risquent d’engendrer des conflits et une issue « perdant-perdant » pour les deux entreprises et leurs salariés.
La FCE-CFDT, première organisation syndicale dans chacun des deux groupes, a immédiatement mis en place un groupe interne de suivi. Elle a réaffirmé la nécessité de la réflexion et du dialogue avant tout prise de décision. Elle rencontrera les directions de chaque groupe et se prononcera sur un projet clair qui doit décliner les dimensions industrielle, économique, sociale et environnementale. Plus de 100 000 emplois dans le monde sont concernés, dont 27 000 en France.