Près d’un salarié sur cinq dans les entreprises de notre champ fédéral et pourtant moins d’un adhérent sur quinze, les cadres sont largement sous-représentés dans notre fédération comme dans l’ensemble de la CFDT. Constat paradoxal, puisque notre audience auprès d’eux est globalement bonne avec 29 % des suffrages aux élections prud’homales de 2002. Le CDF du 18 mai a débattu des pistes d’amélioration de leur prise en charge.
« La voix de son maître, suppôts du patron » Les expressions ne manquent pas qui alimentent, encore aujourd’hui, les représentations que se font de nombreux militants, adhérents et salariés non cadres, de leurs collègues cadres. Pourtant, une étude récente de l’Association pour l’emploi des cadres, parue en octobre 2003, montre que deux tiers des cadres se sentent plus proches de l’ensemble des salariés que de leur direction générale. Bonne nouvelle pour le syndicalisme ? Une chose est sûre : un travail de fond reste à faire pour qu’évoluent ces représentations globalisantes des militants.
Les cadres n’existent pas, mais des cadres (cadre diplômé ou issu de la formation interne, cadre d’une grande entreprise ou de PME, jeune cadre ou quinquagénaire ) qui relèvent de fonctions et de réalités différentes et demandent des modalités de prise en charge différenciée.
L’individualisation des modes de gestion et des parcours professionnels, mise en œuvre par les employeurs, répond aussi au souhait de reconnaissance personnelle exprimé par de nombreux cadres. Nous opposer à cette individualisation nous ferait prendre le risque d’une rupture de contact avec la réalité et les cadres. Notre rôle est de revendiquer la négociation préalable des règles et critères qui définiront « le champ négocié de l’individualisation ». En outre, des possibilités de recours doivent toujours exister. L’organisation syndicale peut aussi assister et défendre les salariés qui le souhaitent.
Les syndicats, les sections ont un intérêt objectif à syndiquer et organiser les cadres. Que ce soit pour les informations qu’ils détiennent, l’assise supplémentaire qu’ils donnent dans l’entreprise, les cadres constituent une ressource de nature à améliorer le rapport de force. Prendre en compte leur contribution permet d’être plus efficace pour toutes les catégories de personnel. Reste à trouver des formes de participation compatibles avec leurs obligations et la perception qu’ils ont de leur avenir professionnel.