Lors du dernier conseil d’administration (CA) de Gaz de France, la direction annonçait le déclenchement du processus d’ouverture du capital du groupe. La FCE-CFDT a rappelé son opposition à cette ouverture injustifiée au vu des résultats du groupe. Gaz de France a tous les moyens d’un développement serein et maîtrisé. Cet appel à l’actionnariat privé relève donc du dogme et non de la nécessité stratégique. Stratégie qui gagnerait d’ailleurs à être connue tellement elle semble avoir été redéfinie sans que le CA n’en ait été informé (cf. la prise de participation dans la Snet avec l’Espagnol Endesa). Cette pratique augure mal de la gouvernance d’entreprise à venir. Les actionnaires privés s’en satisferont-ils ?
La FCE s’est étonnée d’une éventuelle ouverture de capital non plus tournée vers la croissance externe, mais vers la maîtrise du budget de l’État. Car quel est l’intérêt d’une telle opération ? Quel actionnaire souscrirait à ce projet qui restreindrait le développement du groupe ? L’inquiétude pointe aussi à l’évocation des actionnaires possibles. Suez, par exemple. Quel intérêt aurait cet actionnaire pour Gaz de France : aucune présence sur l’amont de la chaîne gazière (en exploration-production), une présence essentiellement sur l’aval (dans les services) et dans le métier des réseaux (principalement en Belgique) ? Suez, lui, a tout intérêt à cette alliance. Les salariés, eux, seraient les premières victimes dans le métier des services, en France comme en Europe.
Même si cette ouverture arrivait à rimer avec augmentation de capital, augmentation de capital pour acheter qui ? Le gibier est aujourd’hui rare et cher. Trop cher, comme le montre la récente acquisition du Hongrois Moll par l’Allemand Eon. La FCE ne veut pas d’un Mobilcom gazier et des milliers de licenciements à la clé. Elle ne veut pas qu’une frénésie d’achats irraisonnés mette en péril l’emploi et le service public, comme ce fut le cas pour France Télécom.
La FCE milite pour des entreprises soucieuses de l’intérêt collectif. L’ouverture du capital, dans le cas de Gaz de France, ne va pas dans ce sens. Le groupe peut se développer autrement en menant notamment des alliances au gré de ses besoins, comme ce fut déjà le cas en Slovaquie pour SPP, comme c’est le cas pour d’autres projets en cours. Ces opérations, moins gourmandes en capital, permettent d’asseoir de nouvelles ventes avec des opérateurs historiques et préservent les grands équilibres du bilan financier du groupe.