Les comptes d’EDF, présentés en conseil d’administration le 16 mars 2005, montrent que le malade EDF va beaucoup mieux qu’on ne nous le disait. La commission Roulet, mise en place à l’époque par Nicolas Sarkozy, nous avait pourtant présenté un groupe au bord de l’asphyxie, nécessitant en urgence l’arrivée de capitaux privés pour poursuivre un développement, certes maîtrisé, mais ambitieux en Europe.
La direction du groupe s’était alors précipitée pour bâtir un projet industriel avec, à la clé, un plan d’économie drastique nommé « Altitude 7 500 ». La concrétisation de ce plan, c’est la baisse de l’effectif du groupe de 7 540 salariés, soit environ 4,6 % de l’effectif total, et principalement dans la filiale allemande EnBW. Paradoxalement, l’effectif de la maison mère reste pratiquement stable et devrait le rester en 2005.
En regardant de plus près les comptes, on constate que l’EBITDA (résultat opérationnel avant dépréciation et amortissement) a progressé de plus de 10 % par rapport à l’exercice précédent, et le résultat net a progressé de 56 %. Le chiffre d’affaires (46,9 milliards d’e) est en hausse de 4,5 %. L’endettement net, ramené à 19,7 milliards d’e, est réduit de 18 %. Le résultat net courant continue d’afficher un niveau élevé de 2 473 millions d’e. Ces éléments exceptionnels comprennent 1 881 millions d’e de dépréciations d’actifs et 749 millions d’e de plus-values de cessions. Enfin, le cash-flow, de 9 milliards d’e, est en progression de 11 %. Bref, cette année tout va bien.
Ces bons résultats sont essentiellement le fruit du travail des ouvriers, des techniciens et de l’encadrement du groupe pour qui aucune compensation en augmentation de salaire n’est prévue. Pire, pour beaucoup d’entre eux, les conditions de travail se sont détériorées.
Finalement, la cause de la maladie psychosomatique d’EDF est à chercher ailleurs. Pourquoi pas dans le dogme du gouvernement ? C’est parce que l’actionnaire unique ne veut pas remplir son rôle qu’il choisira de céder à des capitaux privés un des derniers fleurons de l’industrie nationale française. Il suffirait à l’État de faire deux années d’effort au rythme de 2004 sur les impôts et les taxes, les dividendes et l’impôt sur les sociétés, pour qu’EDF n’ait pas à ouvrir son capital. Au contraire, l’entreprise préfère afficher des résultats records pour être la plus belle possible au moment de son passage en bourse, quitte à refuser à ses salariés des augmentations générales de salaire pourtant bien méritées.