C’est sous les applaudissements que François Chérèque a clôturé le rassemblement national des militants CFDT le 7 avril 2005 à la Mutualité à Paris. Rassemblement qui a rappelé l’engagement européen de la CFDT et réaffirmé son soutien au Traité constitutionnel européen.
Devant quelques 1800 militants, le 7 avril 2005, John Monks, secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats, ouvre les débats et donne le ton en soulignant que le Non au traité sera une façon de signifier que l’on veut en rester aux dispositions de Nice signées en 2001 !
« Mais est-ce bien raisonnable, ajoute-t-il, de refuser les avancées définies dans le nouveau traité ? Ce serait ainsi faire fi de la Charte des droits fondamentaux qui fixe les droits des peuples d’Europe en matière de dignité, liberté, égalité, solidarité, citoyenneté et justice. Evidemment, poursuit-il, ce texte est perfectible, mais il montre la capacité de 25 pays, aux histoires différentes, à travailler ensemble pour construire un avenir commun. Et si le Non est l’expression d’une peur, rappelons-nous que la peur est mauvaise conseillère. Ne nous y trompons pas, ironise-t-il encore, un vote négatif n’arrêtera pas les délocalisations ou l’affairisme pervers ! »
Olivier Duhamel, membre de la Convention, a préparé le projet de traité. Il est volubile et précis à la fois. Il illustre son propos en déclarant que voter Oui, c’est faire trois pas en avant. Tandis que voter Non, c’est en faire deux en arrière !
Le débat s’engage ensuite à partir de témoignages de militants. Des affirmations se retrouvent alors en exergue : « La frontière de l’Europe, c’est la démocratie et les droits de l’Homme », « L’Europe est une construction volontaire et non le résultat d’une conquête », « C’est une porte qui se ferme sur la dictature ». L’accent est particulièrement mis sur l’Europe qui se construit avec les militants dans les comités d’entreprise européens, mais aussi à l’échelle des branches professionnelles par l’ouverture du dialogue social entre syndicalistes et patronats européens. Sans pour autant gommer la critique faite aux patrons d’accuser l’Europe de tous leurs maux. Un participant ne manque pas de souligner que si d’aucuns en France trouvent le traité trop libéral, certains Anglais le trouvent eux, trop social !
Les mots de la fin sont pour François Chérèque. « Le 29 mai, l’heure n’est ni au repli sur soi, ni à la campagne présidentielle. Le 29 mai, la France a rendez-vous avec l’Europe. Le traité n’est pas une fin, c’est une étape dans notre combat pour l’Europe sociale. » Et de conclure que « l’Europe n’est pas le problème, elle est la solution ! ».
Ne pas se tromper de débat !
Après la signature de la Constitution par les chefs d’Etat ou de gouvernement le 29 octobre 2004, son entrée en vigueur est prévue pour le 1er novembre 2006 après sa ratification par tous les Etats membres. La France a donc choisi la voie du référendum.
Le choix de chaque citoyen se traduira le 29 mai par le bulletin qu’il glissera dans l’urne ou peut-être par son absence au moment du scrutin. Alors, citoyen européen confiant ou européen hésitant, voire désarmé ?
Oui à l’Europe sociale, Non à la politique de Raffarin, mais Non aussi à nos conditions de vie et de travail, Non au lundi de Pentecôte ! C’est ainsi que l’on peut réduire la campagne et les débats qui ont débuté voilà près de trois mois. La teneur des discours et les slogans caricaturaux ont jeté le trouble dans les esprits. A une Europe trop souvent présentée comme une instance lointaine, compliquée et responsable de tous les maux, les démagogues de tout poil ont ajouté de l’huile sur le feu de la contestation « à la française ».
Sentiment de ras le bol, délocalisations, adhésion de la Turquie, ou bien encore pré-campagne présidentielle qui ne dit
pas son nom, toutes les questions valent d’être posées. Mais la solution, par certains avancée, de répondre par un Non à la Constitution pour les résoudre est évidemment une mauvaise réponse.
La Constitution n’a rien à voir avec les régressions et les insatisfactions dont le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, une bonne partie du patronat et les démagogues en tout genre, sont responsables.
Ne nous y trompons pas, une bonne partie des difficultés que nous rencontrons ont leurs solutions au sein même des entreprises ou auprès des élus bien de chez nous. Surtout ne faisons pas hypocritement porter à l’Europe le poids de nos insuffisances hexagonales !
Fruit de longs débats