Le verdict des urnes est tombé.
Le résultat est sans appel. 55 % des électeurs ont rejeté la ratification du Traité constitutionnel européen. Deux points positifs auront cependant marqué ce scrutin. Le premier, un débat passionné et intense durant toute la campagne. L’Europe était dans toutes les discussions, qu’elles soient professionnelles, amicales ou familiales. Cela fait longtemps pour les anciens, voire une première pour les jeunes, que l’Europe ne s’était pas invitée dans la vie citoyenne française. Le deuxième, c’est le taux de participation de 70 %. Il faut s’en réjouir, car il démontre que les Français participent à la vie politique lorsqu’ils sont sollicités.
Une fois ces remarques soulignées, quels enseignements faut-il tirer de ce résultat ? Ceux qui ont fait campagne pour le refus du Traité européen sont désormais comptables devant les électeurs des événements à venir. Ils ont affiché un NON « porteur d’espoir » en surfant sur le contexte social et économique dégradé de notre pays et sur la souffrance de millions de citoyens et de salariés.
Une fois la contestation exprimée, difficile de faire une synthèse des NON tellement ils sont divers. Comment conjuguer les arguments de ceux qui se situent aux antipodes sur l’échiquier politique français ?
A ce jour, c’est une France qui se retrouve dans le camps des euro-sceptiques, minoritaires en Europe. Une France incomprise, qui sera perçue comme retardant la construction d’un socle européen plus fort, pourtant indispensable pour faire face aux modèles anglo-saxon et asiatique. Dans ce contexte, la responsabilité collective consiste à proposer un projet alternatif pour sortir la France de sa situation fragilisée en Europe. La teneur des débats de la soirée politique du 29 mai ne va pas dans ce sens. Les responsables politiques sont déjà en orbite pour les élections de 2007. Les masques tombent et le réveil risque d’être douloureux pour ceux qui ont cru au message du NON. Une gauche déchirée et une droite au pouvoir peu crédible, les ingrédients sont réunis pour des lendemains qui déchantent. Les extrêmes risquent aussi de se renforcer dans l’opinion publique.
Nous pouvons être fiers d’appartenir à la CFDT.
Elle a fait campagne pour le OUI sur la base des avancées sociales actées dans le texte. Elle est restée fidèle à son engagement européen de la première heure, à son histoire et ses valeurs. C’est pourquoi, notre fédération continuera, au niveau qui est le sien, son combat pour une Europe plus sociale et renforcée politiquement afin d’améliorer les conditions de vie et de travail des salariés.