Du 27 au 30 octobre 2005, l’Emcef, Fédération européenne des mines, de la chimie et de l’énergie, et l’Etui-Rehs, Institut syndical européen pour la recherche, la formation et la santé-sécurité, ont organisé à Chypre un séminaire sur la négociation collective. Son objectif : repérer les éléments stratégiques permettant de renforcer l’action syndicale européenne en la matière.
Chypre, du 27 au 30 octobre 2005. Une vingtaine d’organisations syndicales affiliées à l’Emcef (Fédération européenne des mines, de la chimie et de l’énergie), dont la FCE-CFDT, se réunissaient pour réfléchir à la façon de renforcer la négociation collective en Europe. Le séminaire était organisé par l’Emcef, mais aussi par l’Etui-Rehs, l’Institut syndical européen pour la recherche, la formation et la santé-sécurité.
Les travaux ont permis aux représentants syndicaux d’apporter leur soutien concret au Comité sectoriel de l’Emcef qui a déjà en charge la négociation collective. Ensemble, ils ont tracé les
perspectives d’une meilleure coopération, indispensable tant les réformes des systèmes sociaux européens sont multiples.
Et pour les comprendre, l’analyse du contexte économique est essentielle.
Comprendre le contexte économique
Des capitaux de plus en plus mobiles, des échanges commerciaux en progression de 90%, un PIB de 40% à l’échelle mondiale… Tout atteste des évolutions majeures que nous traversons. La compétition mondiale, la recherche de la plus forte productivité et compétitivité ont, de fait, conduit à de nombreux phénomènes (délocalisations, externalisations, sous-traitance, …) qui pèsent sur l’emploi et les conditions de son exercice. La chute du rideau de fer et l’émergence de la Chine ont aussi projeté des millions de travailleurs sur le marché du travail mondial. Ce qui n’est pas sans provoquer de nombreux bouleversements.
Ainsi, on observe des pressions majeures exercées par les donneurs d’ordres sur les conditions de la sous-traitance, un changement de statut des salariés, ainsi que la montée d’inégalités entre les travailleurs les moins qualifiés et les plus qualifiés, au niveau des rémunérations comme de la formation professionnelle continue.
Définir de nouvelles solidarités
Plusieurs défis sont donc à relever. Mieux garantir les opérations d’externalisation, et négocier de meilleures conditions de travail pour les salariés afin de mieux sécuriser leur parcours professionnel. L’élargissement européen, en ce sens, a constitué une option pour réguler en Europe les impacts de ces bouleversements, tout en permettant aux pays entrants de s’approprier les acquis communautaires. Néanmoins, les représentants syndicaux doivent définir avec les entreprises et les Etats, de nouvelles solidarités entre les travailleurs.
Car les salariés ne sont pas égaux devant le temps de travail, notamment au regard des conditions de départ à la retraite. Les salariés les moins qualifiés rentrent plus tôt sur le marché du travail. Tandis que les salariés les plus qualifiés y rentrent plus tard, au regard de leur cursus de formation initiale. Et les salariés des petites entreprises et des grands groupes vivent des situations bien différentes.
Le débat qui a eu lieu à Chypre, a montré qu’il serait plus efficace d’envisager une négociation collective coordonnée à partir du développement de solidarités internationales, plutôt qu’une convention collective étendue à toute l’Europe de façon uniforme. Seulement définir de nouvelles solidarités pour construire du progrès social en Europe, exige de diminuer le taux de chômage et de retrouver le plein emploi.
La durée du travail en question
La réduction du temps de travail est un des outils pour lutter contre le chômage. Les salariés doivent pouvoir choisir, et non pas subir, leur temps de travail. Si la flexibilité du temps de travail semble répondre aux exigences de la compétitivité des entreprises, elle ne doit pas pour autant s’envisager sans contrepartie pour les salariés. Ces contreparties doivent être négociées par les organisations syndicales pour sécuriser les parcours professionnels des salariés (passeports formation, protection sociale, garanties sur les rémunérations, …) et obtenir de nouveaux droits.
En ce sens, la définition de cadres transnationaux régissant la durée du travail en Europe constituerait un socle intéressant de garanties pour les salariés, et permettrait de lutter contre le dumping social. Il existe d’ailleurs déjà des directives européennes relatives au temps de travail. Aujourd’hui, une nouvelle directive est en préparation. Mais la tendance qui semble s’affirmer en Europe est de rallonger la durée du travail. On peut alors s’interroger : cette tendance est-elle bien de nature à contribuer à la baisse du chômage, ou bien ne répond-elle pas plutôt à une autre logique ?