Les partenaires sociaux ont engagé une négociation très attendue par de nombreux salariés sur la prise en compte de la pénibilité dans le parcours professionnel. Cette négociation sera longue et difficile. Elle exige de clarifier la notion de pénibilité et de lui donner une définition précise. En effet, qu’est-ce que la pénibilité dans l’activité professionnelle aujourd’hui ? Les métiers dont la pénibilité réelle et ses effets à long terme ont été évalués, sont rares. Les dispositifs de départ anticipé à la retraite lié à des conditions de travail difficiles sont peu nombreux. Ils concernent les conducteurs routiers, les travailleurs postés, les travailleurs à la chaîne ou exposés à l’amiante. Pourtant, chacun a tendance à penser qu’il y a de la pénibilité dans son travail. Or les pénibilités qui seront reconnues, seront limitées.
Côté employeurs, il faudra veiller à ce qu’ils ne trouvent pas là une opportunité de faire partir leurs seniors, surtout si les congés liés à la pénibilité sont financés par toutes les entreprises. Chez les salariés, il faudra s’attendre à des déceptions et des réticences. Certains voudront élargir les pénibilités reconnues, d’autres souhaiteront rester sur des postes pénibles pour espérer partir plus tôt. Le gouvernement pourrait aussi rechigner à mettre en place une cotisation supplémentaire.
Pour l’heure, et il ne faudrait pas l’oublier, ce sujet essentiel est sur la table des négociations grâce à l’engagement des organisations syndicales comme la nôtre, dans la réforme des retraites de 2003. Car la loi du 21 août 2003 actant le compromis de l’époque, a donné un délai de trois ans aux partenaires sociaux pour une négociation interprofessionnelle sur la définition et la prise en compte de la pénibilité. Ensuite, au moins une fois tous les trois ans, la négociation doit porter sur les conditions de travail et la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences des salariés âgés, ainsi que sur la prise en compte de la pénibilité du travail.
La CFDT a de grandes ambitions et un cahier revendicatif chargé sur cette question. Mais la complexité du dossier promet de solides bras de fer. Les différents appels à la mobilisation, comme ceux du 2 novembre et 6 décembre, participent de la construction du rapport de force nécessaire pour engranger des avancées significatives sur ce dossier sensible.
La pénibilité recouvre des situations multiples qui ne justifient pas toutes un départ anticipé. Pour notre organisation, l’action syndicale permanente doit permettre à chaque salarié de rester au travail, en bonne santé, jusqu’au moment où il décide de partir en retraite. Le but premier de cette négociation est donc d’obtenir un ensemble de mesures de prévention à mettre en œuvre pour améliorer les conditions de travail et l’intérêt au travail, former tout au long de la vie, généraliser la validation des acquis de l’expérience, et considérer enfin l’expérience comme un atout. Tout comme il est nécessaire de permettre des transitions plus progressives entre l’activité et la retraite par des temps partiels aidés, des retraites progressives, etc.
