La crise des banlieues de l’automne dernier a révélé le niveau élevé de désespérance et d’errance des jeunes dans les cités. Sortis du système scolaire le plus souvent sans diplôme, l’horizon, pour le plus grand nombre d’entre eux, est bouché face à une situation économique et sociale fortement dégradée. C’est dans ce contexte que le gouvernement a légiféré sur l’égalité des chances.
Conçu au départ, comme une réponse aux troubles d’une jeunesse désœuvrée et un outil au service de son insertion dans l’entreprise, l’article 8 traitant du contrat première embauche (CPE) est aujourd’hui vivement désapprouvé par la majorité des Français et combattu principalement par les jeunes, auxquels il est pourtant destiné. Cette disposition percute de plein fouet l’ensemble de la jeunesse. Lycéens et étudiants issus des classes moyennes se sentent eux aussi menacés par la précarité qu’entraîne ce nouveau contrat de travail.
La crise des banlieues et le mouvement anti-CPE démontre, au fond, une seule et même inquiétude face à l’avenir. Les uns sont déjà en dehors du système, tandis que les autres craignent de ne pouvoir y entrer. Face à une jeunesse inquiète, le gouvernement, plutôt que de transformer dépendance et précarité en autonomie et sécurité, conduit au contraire la plupart des jeunes à rester dépendants de leurs parents de plus en plus longtemps.
Pourtant, donner la possibilité aux jeunes d’accéder à un emploi sécurisé le plus tôt possible, c’est leur permettre d’accéder à une autonomie bien légitime. Les questions de fond que sont la formation initiale et professionnelle des jeunes, l’accès à l’emploi, la précarité, sont donc essentielles. Il faut penser différemment le système éducatif, en redonnant toute sa place à une vraie démarche d’apprentissage intégrée à la scolarité, et permettre aux jeunes de mieux appréhender pendant leurs études le monde du travail.
Compte tenu de la situation de l’emploi, il est urgent d’agir pour une meilleure sécurisation des parcours professionnels dès l’entrée dans la vie active. Nous avons cette responsabilité vis-à-vis des jeunes générations. Donnons-leur les moyens de renouer avec l’espoir !