MAG FCE : Abdel, en quelques mots, peux-tu nous parler de ton parcours professionnel et syndical ?
Je suis salarié chez IKO Insulations, site de Combronde, depuis avril 2014 en tant que conducteur de ligne automatisée et délégué syndical CFDT suite à la démission de tous les membres du CSE.
MAG FCE : Pourquoi as-tu choisi de rejoindre la CFDT ?
J’étais déjà adhérent à la CFDT avant d’être délégué syndical (DS), ce qui m’a permis d’être tenu informé des évolutions législatives et réglementaires dans le cadre du droit du travail.
J’ai choisi la CFDT, car elle me représente le mieux par rapport aux autres syndicats en termes de communication et de partage et, par ailleurs, elle répond parfaitement à mes attentes et à mes interrogations.
MAG FCE : Peux-tu nous présenter la situation chez IKO, décrire sommairement l’entreprise, son activité, l’actualité syndicale, l’état du dialogue social ?
IKO est une entreprise spécialisée dans la fabrication et la production de panneaux isolants en polyuréthane. Avant mon élection, ainsi que celles de mes collègues du CSE (sans étiquette et CFDT), il n’y avait aucune structure ni entité servant de liaison entre la direction et les membres du CSE, ni aucune information sur l’actualité syndicale. Cette situation a impacté le dialogue social et, naturellement, les droits des salariés, et toute perspective de négociation était compromise.
MAG FCE : Peux-tu nous faire part des enjeux du dialogue social sur la négociation des 3×8 ?
La direction a présenté aux membres du CSE et aux salariés, en janvier, un projet d’annualisation du temps de travail : heures de nuit à 12 % ; travail le samedi à la convenance de la direction.
Les salariés ont manifesté leur mécontentement. Pour information, l’ancienne direction avait pris une décision unilatérale concernant les heures de nuit que la nouvelle direction a dénoncé pour présenter son projet.
Après avoir effectué différentes simulations de rémunération, projet de direction, ancien accord et la situation actuelle du site 2×8, ces simulations ont pu démontrer que le projet de la direction était moins avantageux pour les salariés. La rémunération pour les 3×8 étant plus faible que pour un 2×8.
En tant que DS, j’ai fait remonter, lors des réunions sur le projet, les différentes remarques des salariés et le fait qu’un 3×8 incluant des nuits ne pouvait pas être moins rémunéré qu’un 2×8.
Après plusieurs réunions, elle a présenté son projet de décision unilatérale et n’a pas pris en compte les remarques sur la perte de rémunération, les désagréments d’un travail posté en 3×8. Après discussion avec les membres du CSE et les salariés, la CFDT a déposé un préavis de grève lors de la venue sur le site de la direction Europe.
MAG FCE : Peux-tu évoquer les actions que tu as décidées de mener avec ton équipe pour répondre aux attentes des salariés, ainsi que la stratégie que tu as mise en place suite à la venue de la direction Europe ?
La direction Europe a demandé d’ouvrir les négociations et de ne pas arrêter la production pendant celles-ci. Après réflexion, le CSE et les salariés ont décidé de suspendre le préavis afin de faciliter les négociations.
Lors de la première réunion, nous avons exposé les faits sur la perte de rémunération en 3X8 en utilisant les simulations effectuées par le CSE.
Nous avons expliqué nos résultats et démontré les erreurs. La direction du site a tenté de nous décrédibiliser, mais la direction Europe a reconnu notre travail et la justesse des éléments présentés. Au final, la direction Europe ayant ouvert un dialogue constructif et compréhensif avec la CFDT et le CSE, la dernière proposition a nettement amélioré l’ancien accord et a été acceptée.
Je remercie, ainsi que le CSE, la CFDT pour son soutien, ses conseils et ses nombreuses informations qui nous ont beaucoup aidés depuis le début des négociations.
MAG FCE : Tu peux souligner tout le travail préparatoire à tes réunions, les échanges avec le Syndicat, le retour vers aux salariés…
Je tiens à dire que l’échange entre la CFDT et les salariés était très constructif. On a essayé d’être le plus proche possible des revendications de chacun par une écoute active et un partage de point de vue. Sur ce plan, le CSE a été réactif et présent pour chaque démarche mise en place.
J’ai observé qu’une confiance s’est instaurée, et celle-ci est d’autant plus visible que des retours positifs ont été ressentis, aussi bien vis-à-vis des salariés que de la direction Europe.
MAG FCE : Comment souhaites-tu mettre à profit ce travail pour développer ta section ?
Pour moi, il est clair que les démarches que nous avons pu entreprendre ont sensibilisé les salariés de façon positive sur l’importance, l’opportunité et l’utilité d’une section syndicale, ainsi que son rôle au sein d’une entreprise.
Par ailleurs, il ressort de notre expérience que, sans section syndicale, rien n’aurait été possible en termes d’information, de partage, de retours d’expérience. Ma démarche et mon objectif sont de faire comprendre aux salariés que l’union fait la force et que l’on n’est pas tout seul dans le navire, qu’un soutien de notre section syndicale est primordial. C’est pour ces raisons que j’ai toujours exhorté mes collègues à œuvrer de concert pour, non seulement veiller à la longévité de notre section, mais aussi qu’ils/elles comprennent que l’investissement de chaque salarié est important pour le « bon vivre », l’équilibre et l’avenir de notre entreprise.
MAG FCE : Actuellement, quel serait le mot ou expression pour définir ton état d’esprit ?
Un sentiment de fierté personnelle et surtout collective, car l’équipe CFDT et les membres du CSE ont pu mener avec succès ces négociations grâce à une union sans faille.