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Médicament : des signes de rupture

Pour la première fois, le marché français du médicament pourrait diminuer en 2006, en volume, voire en chiffre d’affaires. Bonne nouvelle pour l'Assurance maladie. Mauvaise nouvelle pour l'emploi. Quant à la santé des citoyens, objectif premier du rôle des médicaments, elle ne devrait pas à ce stade s'en ressentir...

Pour la première fois, le marché français du médicament pourrait diminuer en 2006, en volume, voire en chiffre d’affaires. Bonne nouvelle pour l’Assurance maladie. Mauvaise nouvelle pour l’emploi. Quant à la santé des citoyens, objectif premier du rôle des médicaments, elle ne devrait pas à ce stade s’en ressentir. La France en reste encore l’un des plus gros consommateurs dans le monde.

Depuis le début de l’année, on observe plusieurs signes d’évolution atypiques, en rupture avec les tendances passées. Le plus spectaculaire est le net ralentissement de l’ensemble du marché officinal, hors hôpital et automédication. Les Français ont même diminué leur consommation de médicaments, ce qui est inédit sur une période aussi longue. Inversement, les ventes des produits non remboursables, traditionnellement stagnantes, se développent actuellement. L’effet mécanique du déremboursement, le 1er mars 2006, de 236 médicaments peut expliquer ce changement. Mais lors des vagues précédentes de déremboursement, on n’avait jamais assisté à un tel effet aussi massif et durable. Même la production des veinotoniques, dont le taux de remboursement a été abaissé de 35 à 15 %, a chuté. Auparavant, un changement de taux n’affectait guère les ventes car les complémentaires de santé assuraient la différence, ce qui n’est plus systématiquement le cas aujourd’hui. Enfin, les génériques se substituent de plus en plus aux produits de marque.

Ces ruptures tendancielles ne sont pas dues au hasard. Les changements de comportement des médecins prescripteurs, des pharmaciens et des consommateurs sont notables. La politique conventionnelle menée à partir de 2005, et depuis longtemps revendiquée par la CFDT, lie les revalorisations d’honoraire des médecins aux économies de l’Assurance maladie. Et ceci est vrai aussi bien pour les prescriptions que pour le choix des médicaments notamment. Les pharmaciens ont été incités financièrement à substituer des génériques aux produits de marque. Les patients sont aussi de mieux en mieux informés. Cependant, il faut rappeler que les dépenses de médicaments en officine ne représentent que 15 % des dépenses de l’Assurance maladie.

Les conséquences de cette nouvelle donne, si elle se confirmait, sont importantes pour l’industrie pharmaceutique. Le coup d’arrêt historique de sa croissance influencera la stratégie des entreprises, notamment dans les investissements et l’emploi. Le développement des génériques, de l’automédication, des biotechnologies étant différent des activités traditionnelles des grands groupes généralistes, ceux-ci devront rapidement s’adapter. Afin de garantir l’accès aux soins de l’ensemble de la population, il est nécessaire de trouver un nouveau point d’équilibre entre les enjeux financiers d’un système collectif (la Sécurité sociale) et un niveau de prix des médicaments satisfaisant, qui permette aux entreprises pharmaceutiques d’investir dans la recherche de nouveaux produits innovants garantissant aussi les emplois de demain.

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