La 12e Conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui vient de se tenir à Nairobi au Kenya, a décidé de réviser le Protocole de Kyoto d’ici 2008. Le fait que la communauté internationale reconnaisse la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre a aussi permis de proroger le protocole au-delà de 2012, date à laquelle prennent fin les engagements actuels. L’objectif recherché est de les diviser par deux d’ici 2050. Ces résultats, obtenus à l’arraché, dépassent les prévisions les plus pessimistes. Les positions différentes des pays n’incitaient pas, en effet, à de grandes avancées et manquaient réellement d’ambition. Certes, le texte adopté n’impose pas de mesures contraignantes et renvoie à une négociation ultérieure le détail des mesures effectives. Mais cette conférence aura permis de maintenir le Protocole de Kyoto sur les rails, même si les contradictions fondamentales n’ont pas toutes été réglées.
Ainsi, les Etats-Unis et l’Australie, alors même qu’ils émettent plus de 25 % des gaz à effet de serre, n’ont toujours pas ratifié le protocole. D’autres pays, signataires, font machine arrière en annonçant être incapables d’atteindre leur objectif. C’est le cas du Canada, dont l’objectif est pourtant peu restrictif. La Chine, désormais deuxième plus gros pollueur, estime toujours qu’elle ne peut sacrifier son développement économique à une réduction drastique de ses émissions qui limiterait sa capacité de transport et de production d’énergie. L’Inde a renvoyé les pays du Nord à leur «responsabilité historique » en matière de pollution, en soulignant que ses émissions par habitant resteraient inférieures à celles des pays industrialisés pendant encore au moins une génération.
La ligne de fracture entre les pays du Nord et ceux du Sud ne se sera pas résorbée à Nairobi où, pour la première fois, un pays d’Afrique subsaharienne accueillait la conférence. Cependant, des décisions ont été prises concernant les mesures d’adaptation et de soutien aux pays en voie de développement par, notamment, le financement de projets d’énergie propre. Quant aux initiatives prises par plusieurs Etats des USA pour prendre en compte la problématique du changement climatique, à l’exemple de la Californie, elles démontrent la progression d’une prise de conscience. La démarche d’Al Gore peut aussi contribuer à l’évolution des mentalités. Et la victoire des démocrates aux dernières élections américaines pourrait également influencer les positions lors de la prochaine campagne présidentielle des Etats-Unis.
Dans ce contexte, l’Europe se doit d’être la première de la classe à protéger l’environnement, et d’être le fer de lance d’une industrie respectueuse du développement durable. Les dirigeants européens, réunis en Finlande le mois dernier, ont appelé à l’accélération des mesures vers une économie sobre en carbone, et invité la Commission européenne à diriger ce processus. La question du changement climatique mérite de figurer au premier rang des priorités de l’Union, appelée à prendre des décisions difficiles et à responsabiliser véritablement chaque citoyen. C’est à ce prix que nous lèguerons une planète viable aux générations futures.