La place du syndicalisme en France fait toujours débat. Cette question s’est aussi invitée dans la campagne présidentielle. Et certaines propositions apparaissent, comme l’adhésion obligatoire à une organisation syndicale. Une mesure qui aurait pour objectif de renforcer le syndicalisme, mais en l’imposant. Si cette démarche part bien d’un élan volontariste, elle serait cependant en rupture avec l’histoire du mouvement ouvrier français et la culture de notre pays. Elle susciterait sans doute de vives réactions de la part des salariés, au nom d’un sentiment légitime d’atteinte à la liberté individuelle.
Le syndicalisme en France a toujours dû s’imposer pour exister. Il est le fruit de nombreuses luttes et de nombreuses mobilisations. Dernièrement encore, lors de l’épisode du contrat première embauche, les responsables politiques au gouvernement ont oublié les termes d’une loi qu’ils avaient votée deux ans auparavant. Elle clarifiait pourtant la place et le rôle des partenaires sociaux lorsque des réformes, touchant au champ du social, étaient mises sur la table. Les rapports entre les acteurs politiques et sociaux ont toujours reposé sur des tensions. En grande partie, parce que les partis politiques s’estiment seuls légitimes à répondre non seulement aux enjeux politiques, mais aussi aux questions sociales.
Devant ce constat, la CFDT a fait le choix d’un syndicalisme d’adhérents, basé sur le volontariat. Un syndicalisme qui s’imposerait naturellement dans le paysage français, tant son nombre de cotisants le rendrait incontournable et puissant. Le rapport de force que cela engendrerait, permettrait de renforcer un syndicalisme de propositions, réformiste et courageux, convergent avec la conception que développe la CFDT depuis de nombreuses années. Tout cela serait de nature à dynamiser une démocratie sociale, aux côtés de la démocratie
politique.
Pour y réussir, chaque militant doit s’engager dans une démarche de proximité et de contact quotidien avec les salariés, sur leurs lieux de travail. Echanger avec eux, leur faire partager nos valeurs et nos ambitions de transformation sociale, leur donner envie d’être acteurs, de réfléchir avec nous aux revendications à élaborer, et les aider à s’organiser là où le syndicalisme est absent.
Toute la stratégie de notre fédération, depuis son dernier congrès de 2003, a été élaborée pour répondre à cet enjeu. Les « 40 chantiers sur la syndicalisation » que la confédération impulse aujourd’hui, contribueront aussi à cette dynamique. Ne ratons pas ce rendez-vous, déterminant pour renforcer notre syndicalisme, première motivation de notre engagement militant.