Le 8 avril 1946, une loi présentée par Marcel Paul, alors ministre communiste de la production industrielle, entend la création de l’Etablissement public à caractère industriel et commercial, « EDF ». Cette loi, inspirée par le Conseil national de la Résistance, prévoit la nationalisation des biens de près de 1400 entreprises de production, transport et distribution d’énergie électrique, mais aussi, celle de la quasi-totalité des sociétés privées exerçant une activité de production, de transport et de distribution de gaz combustible sur le territoire national : l’EPIC GDF était né.
Cette loi instituait alors un monopole de concessions sur la distribution, permettant cependant aux entreprises locales (régies, SICAE et sociétés d’économie mixte) de continuer leurs activités, sauf pour le gaz où les sociétés d’économie mixte, comme Gaz de Bordeaux par exemple, étaient exclues du dispositif, car Gaz de France n’a jamais eu l’apanage des concessions de distribution.
Un monopole de production fut institué pour les installations d’une puissance supérieure à 8 MVA, prévoyant toutefois des exceptions pour la SNCF, les régies et les charbonnages de France.
Le 8 avril 2021, les salariés d’EDF et d’ENGIE ont fêté un 75e anniversaire en demi-teinte. GDF a cédé sa place à ENGIE par de multiples réorganisations, et EDF se trouve dans la tourmente d’une réorganisation menée dans le mépris le plus absolu du dialogue social.
Les trajectoires de ces fleurons de notre industrie nationale, bien que divergentes, ont été tracées, depuis 2000, par la nécessité de transposer des directives européennes ayant pour objectif de mettre fin à ces situations de monopole. Le contribuable français a financé ces nationalisations et voit maintenant leurs biens faire les frais d’une politique d’investissement, souvent hasardeuse, et du dogme libéral, allant parfois, comme pour EDF, jusqu’à l’obligation de fournir de l’énergie à ses concurrents à un prix tel qu’ils la revendent moins cher qu’EDF.
Une certitude demeure, les salariés, « les agents » de ces entreprises auront eu la fierté d’assurer un service public de l’énergie sans faille durant trois quarts de siècle, pourvu que ça dure !