Le 15 mars, la FCE-CFDT organisait la deuxième édition des Assises CFDT de la Pharmacie à la Cité universitaire internationale, à Paris. Objectif, faire le point sur ce secteur en évolution profonde et permanente afin de faire avancer la réflexion collective sur la politique du médicament et ses incidences sociales.
Plus de 200 participants ont nourri des débats de qualité, organisés autour de 3 tables rondes. La première a permis d’établir un diagnostic de cette activité qui pèse au niveau mondial 500 milliards d’euros, 33 milliards d’euros en France dont 70 % sont à la charge de l’Assurance maladie. Syndex, expert économique désigné par la plupart des comités d’entreprise de la branche, a situé les évolutions en cours : l’épuisement du modèle blockbuster de masse, les conséquences d’une nouvelle géographie de la croissance, l’enjeu de la rémunération de l’innovation, la montée en puissance des génériques. Le président de la Commission sociale du Leem a confirmé la bonne santé d’une industrie pharmaceutique en pleine mutation : arrivée de nouveaux acteurs, réglementation qui pèse sur les choix stratégiques et le modèle dominant de blockbusters, réflexion sur les stratégies de recherche. Il a plaidé pour un développement des biotechnologies et a fait part de sa perplexité face à l’image négative de l’industrie pharmaceutique. Le PDG d’un des acteurs majeurs de la répartition pharmaceutique a, lui, rappelé les contraintes d’un secteur soumis d’une part à des missions de service public, d’autre part aux exigences des industriels et des pharmaciens d’officine. En ajoutant que la dimension européenne devrait, de son point de vue, conduire à des changements majeurs. Le PDG d’Elaïpharm, entreprise de façonnage et adhérente d’Uniphar, a précisé le périmètre d’intervention de l’activité de façonnage.
Il en a situé les enjeux en termes d’emploi et d’expertise technologique et industrielle. La FCE a questionné ces intervenants sur l’emploi, trop souvent considéré comme variable d’ajustement, et sur l’externalisation de pans entiers du secteur, y compris en termes conventionnels.
La 2e table ronde, « Bilan social et évolution des métiers », s’est ouverte par l’intervention d’une militante de la fédération, porteuse des questions issues du travail en ateliers des 120 militants de la branche réunis la veille. Des questionnements forts sur l’application des nouveaux dispositifs de formation professionnelle et les dérives constatées, sur les conséquences des restructurations dans les groupes internationaux et l’insuffisance d’anticipation, sur l’externalisation croissante et la crainte de voir apparaître les « équipementiers » du médicament. Les intervenants du Leem, de C2P (organisme paritaire collecteur agréé des branches Chimie, Pétrole et Pharmacie) ont fait la revue des nouveaux outils mis en place et dressé un bilan de leur utilisation. La direction d’un groupe de la répartition a rappelé les dispositions mises en œuvre dans une entreprise dont les métiers sont principalement les métiers de chauffeurs-livreurs, préparateurs de commande et opérateurs de centre d’appel. Le directeur des Relations sociales d’un groupe leader de l’industrie a apporté sa vision des problématiques d’une fusion et l’importance de définir au départ un objectif clair et une méthode respectueuse des différences de culture.
La 3e table ronde, « Avenir et financement du médicament », a réuni dans un débat prospectif et sans concession, le président du Leem, le PDG de Sanofi Aventis France, le président du CEPS, et Gaby Bonnand de la Commission exécutive de la CFDT en charge du dossier de l’Assurance maladie. Le débat a mis en évidence la difficulté d’aboutir au compromis équilibré permettant d’assurer la pérennité du système. L’égalité d’accès aux soins de l’ensemble de la population, l’équilibre financier du système collectif, l’importance stratégique de disposer d’une industrie pharmaceutique en Europe, les conditions stables et transparentes permettant aux entreprises d’atteindre un équilibre économique satisfaisant, l’irruption des associations de malades et des acteurs de la société civile… autant de problématiques qui auraient pu faire l’objet d’autant de débats. Quels doivent être les acteurs légitimes pour négocier et faire les choix nécessaires ? Chacune des parties prenantes représentées a pu mesurer les tensions au centre desquelles se situe le médicament. Médicament qui n’est qu’une partie de la réponse aux besoins de santé.
En conclusion, la FCE s’est félicitée du travail accompli et de la qualité des débats. Elle agira pour faire progresser une politique du médicament soucieuse de la santé de tous, une politique industrielle répondant aux moyens et aux opportunités à fournir à la recherche pharmaceutique, une politique investissant dans l’emploi. Elle a rappelé son exigence d’être un acteur incontournable et écouté dans les entreprises, aux niveaux national et européen. Concertation, anticipation et responsabilisation de tous les acteurs, devraient nous mettre sur le chemin d’une meilleure gouvernance.